Le CAPJC et la fondation Frederich Naumann Stiftung for die freihet ont organisé une rencontre pour présenter le vécu tunisien en matière de lutte de la presse contre la corruption. Une rencontre qui a évoqué tout un écosystème fait de programmes d’enseignement, de plateformes et de médias électroniques.
« La tendance généralement observée dans les pays en transition après un régime autoritaire, où les citoyens aspirent à des changements politiques capables de freiner la corruption, outre l’ouverture et la liberté d’expression qui permettent de jeter plus de lumière sur les affaires de corruption ».
Cette phrase extraite du récent rapport de la Banque mondiale sur la Tunisie (Tunisie – Diagnostic systématique pays) en dit long sur le « rôle de la presse dans la lutte contre la corruption ».
Un master professionnel à l’IPSI
Hasard du calendrier, le Centre africain des journalistes et des communicateurs (CAPJC) et la fondation Frederich Naumann Stiftung for die freihet organisaient le jour de parution de ce rapport et le lendemain une rencontre (10 et 11 novembre 2022) pour mettre en évidence l’extrait cité plus haut.
La rencontre ne pouvait ne pas évoquer la place du journalisme d’investigation dans cette lutte contre la corruption. Ce journalisme est en fait tout un écosystème, ont martelé les enseignants de l’Institut de presse et des sciences de l’information (IPSI) venus en nombre pour évoquer le master professionnel en journalisme d’investigation créé en 2013.
Formation, mais aussi édition de manuel et d’articles scientifiques et organisation de colloques et autres séminaires et débats professionnels, l’IPSI est, a assuré notamment Hamida Bour, directrice de cette institution, et Amine Ben Massaoud, en charge de la coordination du master professionnel en journalisme d’investigation.
« Désordre de l’information »
Ce dernier a fait un exposé présentant la liste des cours dispensés pour une formation de qualité conjuguant donc un savoir théorique et pratique axé pour l’essentiel sur les voies et moyens de lutter contre la corruption et d’aider les journalistes à débusquer ses abus.
Les acteurs de la BBC Media Action, une composante de la radio et de la télévision publique axée sur la formation et les études, ont, pour leur part, présenté leur travail pour lutter contre ce qu’on pourrait appeler ce « désordre de l’information », terme générique qui fait référence à « la perturbation à grande échelle de la sphère publique par des rumeurs, des discours de haine, des théories de conspiration et autres fausses nouvelles et de manipulation des esprits ».
Harcèlement
Directeur de la BBC Media Action pour l’Afrique du Nord, Colin Spurway (à gauche sur la photo) a insisté sur l’importance des médias dans la lutte contre ce désordre et leur efficacité auprès de la grande masse de la population.
La rencontre a été aussi l’occasion pour présenter l’expérience tunisienne comme I Watch et Blue.Tn dans cette information du type « watchdog journalism » (le journalisme d’investigation, journalisme de dénonciation, vigilant quant aux abus et mauvaises pratiques)».
Comme celle de sites maintenant largement connus (Inkyfada et Al Katiba notamment) pour développer un journalisme qui trouve des difficultés à se frayer un chemin malgré le climat démocratique dans le pays : des journalistes d’investigation font encore l’objet de harcèlement pour ne pas dire plus. Enseignante à l’IPSI, Hanene Zebiss l’a du reste indiqué dans son intervention.