Le changement climatique est générateur de risques, dont les plus importants sont le risque physique (lié à la hausse en fréquence et en intensité des vagues de chaleur, des inondations, des tempêtes…) et le risque de transition (lié à l’engagement dans des politiques visant le passage à une économie à bas carbone).
Une économie fortement exposée au changement climatique encaisserait une hausse de la prime de risque sur sa dette souveraine. Plusieurs études ont signalé l’impact de la vulnérabilité climatique sur le coût moyen de la dette des pays en développement [Kling et al (2018), Volz et al (2020), Zenios (2022)]. Plusieurs arguments plaident pour l’intégration de ces risques, liés au changement climatique, dans la gestion de la dette, compte tenu de leur impact sur le risque souverain. Nous identifions les principaux canaux de transmission du changement climatique au spread souverain.
L’effondrement du PIB
Les événements extrêmes (inondations, sécheresses, ouragans …) liés au changement climatique entraînent souvent un effondrement du PIB, provoquant mécaniquement la dégradation du taux d’endettement (Dette/PIB) et la hausse du spread souverain.
La fragilité du secteur financier
Le changement climatique est une source de fragilité du secteur financier. Le risque physique affecte de façon immédiate les actifs des banques et des compagnies d’assurance, alors que le risque de transition pèsera, de façon plus lente, sur les secteurs qui dépendent des énergies fossiles. De même, la fragilité du secteur financier pourrait amplifier, via la forte exposition des banques en titres du Trésor, une dégradation des finances publiques. Au total, une montée des crédits non-performants (NPLs) et des menaces de risque systémique, contribuerait ainsi à la hausse du risque souverain.
L’instabilité politique
Les implications sociales du changement climatique peuvent générer des tensions sociales déstabilisantes pour le gouvernement en exercice. La montée du stress hydrique pourrait affecter lourdement le secteur agricole et le travail paysan, ce qui provoquerait ainsi des flux migratoires vers les grandes villes. La multiplication de ces flux risquerait de nourrir des tensions sociales et d’alimenter l’instabilité politique. Un contexte compromettant pour la capacité des autorités à honorer leurs engagements envers les bailleurs de fonds. D’où une dégradation de la note souveraine du pays et une montée de la prime de risque souverain.
Certes, le temps de la « délinquance climatique » est révolu. Toutefois, un goût d’inachevé caractérise les politiques de transition écologique, surtout dans le monde en développement.
Cet article est disponible dans « Spécial Finance » du mois de novembre