Au delà de la tenue du 18ème Sommet de la Francophonie qui avance à grands pas (Djerba les 19 et 20 novembre 2022), se pose la question de son impact sur la Tunisie. En effet, la francophonie, au delà d’une langue, représente des valeurs, telles que la solidarité, la diversité, le partage d’expériences, l’engagement et la concertation.
Elyes Kasri, analyste politique et ancien ambassadeur, souligne: « Dans tous les cas, il sera vital de procéder à l’issue du Sommet de la Francophonie à une réévaluation en profondeur de la place de la Tunisie sur la scène internationale et de son interaction avec les différents acteurs et centres d’influence internationaux. »
Et de poursuivre: « Cela nécessitera l’ouverture d’un débat serein et sans arrière-pensées politiciennes sur l’état de la diplomatie tunisienne depuis 2011… Et ce, tant au niveau de la formulation que de la mise en œuvre de la diplomatie tunisienne. Avec la gestion qui lui incombe de l’appareil diplomatique tunisien, aussi bien au niveau de l’administration centrale que dans les postes diplomatiques et consulaires; ainsi que les missions permanentes a l’étranger. »
Mais au delà de la perception, des contre-performances concernent aussi la présidence tunisienne de La ligue des Etats arabes (2019/2022), ajoute M. Kasri. De même en est-il de la participation de la Tunisie aux délibérations du Conseil de sécurité de l’ONU en tant que membre non permanent. Ainsi qu’au sommet de la TICAD, en attendant le déroulement du Sommet de la Francophonie, poursuit-il. Ainsi, s’ajoute la nécessité d’une réévaluation en profondeur en vue d’une nouvelle approche de communication et d’action sur la scène internationale. Tout en poursuivant: « Une réorganisation de la diplomatie tunisienne est devenue urgente et même vitale. »
Cependant, plusieurs réflexions mettent l’accent sur la valeur ajoutée du Sommet. Pour Kerim Bouzouita, anthropologue, il faut se demander quelle vision on a de la francophonie. La voit-on comme un élément de substat culturel? Quel est notre intérêt? Ou allons-nous laisser la mondialisation faire son travail? Faut-il se demander aussi si le TGV de l’anglophonie est en train de dépasser de très loin le TGV de la francophonie?
Kerim Bouzouita estime que le français n’est pas seulement une langue, mais il est également une culture. Sauf qu’au jour d’aujourd’hui, on se retrouve dans un gap générationnel entre la génération francophone et anglophone. Alors, à l’heure actuelle, quelle est la position de la Tunisie vis-à-vis de la Francophonie?
Autant de réflexions qui nécessitent un débat ouvert réunissant les différents ministères.
Rappelons qu’à un époque le leader Habib Bourguiba fut l’un des Bâtisseurs de l’OIF. Ainsi il soulignait lors de son discours en 1968 : « C’est à travers l’usage de la langue française que nous avons pu faire entendre la voix de la Tunisie dans le concert des nations. Ainsi, avons-nous pu puiser partout dans le monde, sur le continent américain et jusqu’aux Nations-Unies, non seulement le réconfort mais le soutien dont nous avions besoin pour mener jusqu’à la victoire notre lutte pour la reconnaissance de notre identité et de notre dignité nationales, en bref pour l’indépendance. »
En somme, la Francophonie retrouvera-t-elle son élan? En attendant les débats qui auront lieu à ce Sommet, à Djerba.