Lors d’une conférence de presse tenue hier jeudi à Monplaisir, deux ténors du mouvement islamistes Ennahdha, en l’occurrence Nizar Habboubi, membre du bureau exécutif d’Ennahdha, et Ali Laarayedh, vice-président du mouvement, ont prédit, chacun à sa manière, que le prochain scrutin législatif sera couronné d’échec.
Faut-il croire les dirigeants du parti islamiste Ennahdha, champions du double langage et de la duperie, quand ils jurent, la main sur le cœur, ne pas être intéressés par le prochain scrutin législatif. Alors que tout le monde sait pertinemment que Montplaisir se prépare en catimini, comme d’autres partis politiques d’ailleurs, à présenter et à financer, en sous-main, des candidats « clean », sans signes ostentatoires, mais sous la bannière du parti?
Ennahdha persiste et signe
A un mois, jour pour jour, de la tenue des législatives du 17 décembre 2022, le mouvement Ennahdha a réitéré jeudi 17 novembre sa position de boycott de ces élections.
« Le parti tient encore à sa décision de boycotter les prochaines législatives. Tout comme il l’a fait auparavant lorsqu’il était question de participer à la consultation électronique et au référendum sur la constitution ». Ainsi indique Nizar Haboubi, membre du bureau exécutif d’Ennahdha. Il s’exprimait lors d’une conférence de presse qui se tenait hier jeudi, au siège du parti à Montplaisir.
Ensuite, il rappelle à ce propos la position « ferme » du mouvement qui considère que le recours à l’article 80 par le président de la République était un « coup d’État contre la constitution ». Puis, le dirigeant nahdhaoui ajoute que le mouvement a « proscrit » à ses adhérents, au niveau de toutes les structures et les bases, de participer aux différentes étapes du processus électoral. « Le mouvement interdit, en interne, à ses membres de se porter candidats à ces élections; et à ses adhérents d’accorder leur parrainage aux candidats aux législatives », insiste-t-il .
D’autre part, toujours selon la prédiction de Nizar Haboubi, qui se montre en public pour la première fois, Kaïs Saïed « maintiendra le décret-loi sur l’échéance présidentielle de 2024 ».
Selon lui, le Président prévoit d’autre part de « faire appel à l’article 90 de la constitution pour prolonger son mandat présidentiel ». Sachant que la présidence de la République ne peut être exercée durant plus de deux mandats successifs ou séparés, stipule la nouvelle Constitution. (Ndlr).
Les islamistes, éternelles victimes
Enfin, se posant comme de coutume en éternelle victime, l’intervenant a également évoqué les nombreuses enquêtes portant sur Ennahdha, son président Rached Ghannouchi; ainsi que ses leaders tels que Habib Ellouz. Et notamment celles concernant l’entreprise Instalingo et l’association Namaa. Pour conclure que ces enquêtes coïncidaient toujours avec les étapes électorales et qu’elles visent en réalité à « induire l’opinion publique en erreur et à la distraire ».
Ali Laarayedh : « Un bond dans le passé »
Prenant la parole au cours de cette conférence de presse, Ali Larayedh, ancien Premier ministre et vice-président du mouvement, estime que les prochaines élections législatives s’inscrivent dans le cadre du « coup d’Etat » et qu’elles constituent « un bond dans le passé ». Et ce, dans la mesure où les décisions du chef de l’Etat « n’ont aucun rapport avec les revendications du peuple ».
Par ailleurs, revenant sur la situation économique, sociale et politique, le vice-président du mouvement Ennahdha note que « le pays est secoué par une crise sociale d’une rare violence. Avec son lot de vertigineuse hausse des prix, de détérioration du pouvoir d’achat; ainsi que la hausse du taux de chômage et la propagation de la pauvreté ».
« S’ajoute à cela, le drame de Zarzis, la crise environnementale à Sfax », poursuit-il. Tout en affirmant au passage que l’échec du pouvoir en place à résoudre nos problèmes « a terni l’image de la Tunisie auprès des instances internationales ».
A propos de la catastrophique situation écologique et sanitaire à Sfax, Ali Laarayedh n’a pas manqué de pointer du doigt la responsabilité des autorités nationales, régionales et locales. Lesquelles sont « incapables de gérer la situation ». Pour ce qui est de la situation à Zarzis, « le pouvoir en place exécutif s’est bien gardé de s’impliquer dans ce drame humain. Il s’est contenté de communiquer avec les citoyens de Zarzis à distance », ironise-t-il.
« De quoi ont-ils peur ? »
En outre, il fustige d’autre part « l’absence de transparence et d’informations » au sujet des accords avec les bailleurs de fonds, tel que le Fonds monétaire international (FMI). De même que leurs répercussions « désastreuses pour les classes fragiles et moyennes ». A cet égard, il considère que le gouvernement « agit comme si le peuple n’avait pas le droit d’être informé et consulté ».
« Pourquoi n’y a-t-il aucune information sur l’accord avec le FMI? De quoi ont-ils peur? » , s’indigne-t-il.