Le Sommet de la Francophonie 2022 a commencé aujourd’hui à Djerba, réunissant plus d’une centaine de représentants des 88 pays faisant partie de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Il s’agit d’un rendez-vous incontournable où il sera question d’établir des stratégies pour le développement de la langue française et des États membres de l’espace francophone. Mais la grande question est : que peut-on déduire de l’organisation de cette première journée?
Slaheddine Dridi, spécialiste de la communication, a souligné dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com que l’organisation communicationnelle et médiatique n’obéit pas à une règle centrale de la communication en pareille situation.
Il souligne que la règle comprend l’unité de l’émetteur et l’unité qui conçoit et fabrique le message. Tout en ajoutant: « D’ailleurs, l’un des premiers constats est l’absence de coordination entre les émetteurs du côté français et ceux du côté tunisien. Plus encore, on note également une absence d’harmonie aussi bien via le message que via la diffusion du message”.
« Les agences de communication tunisiennes ont servi leurs clients plutôt que la Tunisie »
Ce qui laisse entendre, d’après Slaheddine Dridi, qu’il y a une absence à la fois de logique d’Etat ainsi que de logique d’autorité publique. Ce qu’il regrette, entre autres, c’est que la gestion de la communication a été confiée à des agences de communication. De ce fait, les agences de communication tunisiennes ont servi leurs clients plutôt que la Tunisie.
Ce qu’on déduit, c’est qu’il y a le côté commercial qui a pris le dessus. Alors que la grande communication du Big event n’y figure malheureusement pas.
En outre, il ajoute: « Le président de la République Kaïs Saïed n’a pas rendu hommage au leader Habib Bourguiba, qui est l’un des fondateurs de l’OIF. Ainsi ce mélange des genres qu’on a vu lors de l’allocution des chefs d’Etat ajoute à la confusion ».
Mais plus encore, l’expert en communication s’interroge sur le véritable message du sommet. Il estime que les intervenants auraient pu mettre l’accent sur le carrefour des rencontres, le brassage des civilisations, des histoires, qui, malheureusement, étaient absents.
Et il conclut: « Cette désorganisation, je la prends comme un résultat de l’absence d’une approche communicationnelle stratégique comme elle aurait dû l’être. En somme, je regrette que mon pays ne soit pas grandi par une belle image. Et pour finir, je dirais que le Sommet de la Francophonie, c’est comme la guerre d’Algérie : ça réveille les vieux démons ».