Des 21 éditions précédentes de la Coupe du monde, aucune ne ressemble à cette 22e édition qu’organise la Qatar et qui a débuté le dimanche 20 novembre. Bien que les dirigeants de la FIFA ne ratent jamais une occasion pour nous rappeler que la politique doit rester loin du football; cette édition de la Coupe du monde restera dans les annales comme celle qui est la plus infectée par la politique.
De son attribution en 2010 à l’émirat du Qatar jusqu’à la campagne hypocrite menée tambour battant par les médias occidentaux contre le pays organisateur, en passant par l’exclusion de l’équipe nationale russe de la participation aux barrages qualificatifs, la politique s’est imposée comme un facteur hautement pollueur de cette 22e édition de la coupe du monde.
Rappelons tout d’abord que l’ancien président français Nicolas Sarkozy a joué, par l’intermédiaire de Michel Platini, un rôle de premier plan dans l’attribution, le 2 décembre 2010, au Qatar l’organisation de la 22e édition de la Coupe du monde. Pour quelle raison? Sans doute pour donner un coup de fouet aux investissements qataris en France.
Il est évident que le rôle de tout président est de promouvoir les intérêts de son pays. Si, en 2010, la FIFA et son président Joseph Blatter n’avaient pu ou voulu s’opposer à l’immixtion de la politique dans leur gestion du football mondial, pourquoi jetterait-on la pierre aux politiciens qui ont trouvé la voie libre pour influer sur le processus décisionnel?
Le Suisse Joseph Blatter, sans l’aval duquel aucune décision ne pouvait être prise, a perdu l’occasion de sa vie de se taire et de se faire oublier. Au lieu de cela, il a rejoint le chœur des lamentations en affirmant que « l’attribution au Qatar de l’organisation de la Coupe du monde était une erreur. »
Le Qatar est pays riche et il a le droit de faire ce qu’il veut de son immense fortune. Il a choisi de dépenser 220 milliards de dollars pour la construction d’une fabuleuse infrastructure sportive qui ne servira que pendant un mois avant d’être abandonnée à l’usure du temps et à l’oubli.
220 milliards de dollars auraient pu servir à mettre en place un grand plan Marshall dans ce monde arabe à genoux. Un plan qui aurait pu tirer de la pauvreté et de la misère des dizaines de millions d’êtres humains. Et de faire briller pendant des générations la réputation du Qatar dans le monde. Ses dirigeants ont choisi de débourser cette faramineuse somme d’argent pour briller pendant seulement un mois. Libre à eux.
Mais cela n’excuse nullement les attaques teintées d’hypocrisie, de duplicité et de fourberie contre l’émirat du Qatar, menées par les médias d’Occident à quelques semaines de l’ouverture des compétitions. Pendant douze ans, le Qatar était un immense chantier où travaillaient des dizaines de milliers d’ouvriers étrangers. Pas un jour, nous n’avons lu ou entendu un média occidental nous parler du « calvaire » de ces ouvriers. Ouvrir ce dossier, à côté de celui de l’attribution de l’organisation de la coupe du monde, à quelque semaines de l’ouverture des jeux enlève toute crédibilité au chœur des lamentations occidentales. Sans parler du fait que ce sont les grandes entreprises de bâtiment et d’ingénierie d’Occident qui ont bénéficié de ces chantiers en raflant une grosse part des 220 milliards de dollars.
Ces médias ont ensuite mis en avant la question de la liberté en voulant imposer des manifestations et des pratiques irréconciliables avec les traditions et les valeurs du pays organisateur. La réponse des responsables qataris est sans appel : « Si vous achetez un billet, c’est pour assister à un match de football et pas pour manifester. Alors ne venez pas insulter toute une société. Nous ne pouvons pas changer les lois ou la religion pour les 28 jours de la Coupe du monde. »
Par ailleurs, il a fallu les menaces de sanctions financières de la FIFA pour dissuader les joueurs de quelques équipes européennes de passer outre les prescriptions du pays organisateur en arborant sur le terrain le sigle « One love ».
Enfin, les troubles en Iran ont pesé de tout leur poids sur cette 22e édition de la coupe du monde. Au début du match Angleterre-Iran, les joueurs iraniens ont ignoré superbement l’hymne national de leur pays en protestation contre la sévère répression qui sévit en Iran depuis des mois.
La politique et le sport ne font pas bon ménage. Mais jusqu’à la fin des temps, celui-ci n’a d’autre choix que de subir sans broncher les ingérences de celle-là.