En France, un nouveau projet de loi sur l’immigration a été lancé par le président Macron. Le contenu de celui-ci risque de s’inscrire dans la continuité d’un processus continu de durcissement de la législation en matière d’entrée et de séjour des étrangers en France.
Une tendance lourde qui traduit une vision sécuritaire et identitaire de la « question de l’immigration ». D’ailleurs, 26 associations et ONG, dont Amnesty International, la Ligue des Droits de l’Homme ou encore Médecins du Monde, s’inquiètent d’ores-et-déjà des mesures qui se dessinent. E. Macron, par ce texte, tente d’apporter des gages de fermeté, pensant ainsi répondre au défi politique que représente l’extrême droite. Or, de fait, il ne fait que renforcer leur discours anti-immigrés.
La politique française anti-immigration
La question politique de l’immigration a été mise en sommeil durant les Trente glorieuses (1945-1975). Pour les responsables politiques au pouvoir, les étrangers, souvent célibataires, n’avaient pas vocation à s’installer en France. Leur présence répondait à une logique purement utilitariste : ils représentaient alors une force de travail à bas coût, nécessaire à la reconstruction et à la relance économique du pays. Mais le choc pétrolier et ses conséquences socio-économiques changèrent l’équation politique. Ainsi, le président Giscard d’Estaing interrompit en 1974 l’immigration « de travail », mit en place des aides financières au retour (sans succès) et défendit déjà l’idée d’un renvoi massif de travailleurs immigrés.
Or le droit au regroupement familial (c’est-à-dire de « vivre en famille ») enracine les immigrés dans la société française. La représentation du fait migratoire bascule : tel un fardeau, il devient problématique. La conjugaison d’une crise sociale (avec un chômage structurel et massif) et d’une crise des idéaux collectifs de substitution (déclin du marxisme) a aiguisé le développement d’un sentiment de vulnérabilité dans la société française. Celui-ci sera exploité par l’extrême-droite, dont le discours anti-immigration ne va cesser de se répandre dans tout l’échiquier politique, ou presque.
Le fantasme sur d’une immigration massive
En trente ans, une vingtaine de textes législatifs se sont succédé (le dernier en date remonte à 2018) en matière de politique d’immigration et d’asile. Emmanuel Macron se plie ainsi à un exercice imposé de notre vie politique.
Le projet de loi sur l’immigration, même s’il n’est pas encore définitivement arrêté, prévoit une série de durcissements pour rendre plus d’efficacité sur les expulsions. Certes, quelques mesures sur l’intégration sont prévues, en particulier des travailleurs sans-papiers avec la création d’un titre de séjour spécifique. Il n’empêche, selon 26 organisations humanitaires, le texte risque d’être fondé « sur la stigmatisation » des immigrés assimilés à des délinquants. Il est vrai qu’Emmanuel Macron affirmait de manière approximative que « la moitié » des actes de délinquance sont le fait d’étrangers à Paris. « Et cela est vrai dans les dix plus grandes métropoles », renchérissait le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Ce dernier estimant « qu’on doit désormais être méchants avec les méchants et gentils avec les gentils ».
Un tel texte marque la signature d’E. Macron
En invitant, dès son premier mandat, les députés de sa majorité à « regarder en face » la question de l’immigration, le président Macron conforte une représentation anxiogène et irrationnelle de l’immigration. Une vision où la société française serait fracturée par la faute des immigrés et de leurs descendants, jugés coupables des principaux maux de la France.
Pourtant, selon les chiffres officiels, en 2018, on comptait en France 6,5 millions d’immigrés; autrement dit de personnes étrangères nées à l’étranger. Soit donc moins de 10 % de la population nationale. Parmi les immigrés en situation régulière, 2,4 millions ont obtenu la nationalité française, tandis que les régularisations sont en nombre limité.
Au-delà de ces chiffres qui viennent relativiser le discours de « l’invasion migratoire », le discours officiel oublie de souligner les milliers d’ingénieurs et médecins étrangers (formés en Tunisie notamment) qui travaillent aujourd’hui pour les services publics et le développement national… Ce type de silence ou omission conforte les discours tonitruants et mensongers de la famille Le Pen et de ses affiliés…