La course à l’armement entre Alger et Rabat prend de l’ampleur. Ainsi, l’Algérie a récemment décidé d’allouer plus de 22 milliards de dollars à son budget militaire en 2023. Alors que le Maroc, qui consacre 10,9 milliards de dollars à sa défense, compte cependant sur la technologie israélienne pour établir l’équilibre.
Ce sont des chiffres qui donnent le tournis. Dans un contexte de tension extrême avec le voisin marocain, voire de paranoïa exacerbée par la coopération militaire entre Rabat et Tel-Aviv suite à la normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays dans le cadre des accords d’Abraham, l’Algérie, 31ème puissance militaire mondiale et troisième d’Afrique, derrière l’Égypte et l’Afrique du Sud, selon le classement 2022 du Global Fire Power, va allouer en 2023 la somme stratosphérique de plus de 22 milliards de dollars à la défense. Une somme que mobilise Alger, en très forte hausse dans le budget par rapport à l’année en cours.
Alger : un bond de 110 % de dépenses militaires
Ainsi, suite à la validation, mardi 22 novembre, du projet de la Loi de finances par l’Assemblée populaire nationale, l’armée algérienne demeure le premier poste de dépense. Sachant que depuis 2004, le budget militaire algérien s’élevait en moyenne à 10 milliards de dollars annuels. Pour l’année 2023, il s’agit, par conséquent, d’un bond de plus de 110 % en une seule année.
Tablant sur un taux de croissance de 4,1 % et une inflation de 5,1 % en 2023, le budget étant élaboré sur la base d’un prix de référence du baril de pétrole à 60 dollars et un prix du marché à 70 dollars, le projet de loi de finances prévoit des dépenses de plus de 99 milliards de dollars et des recettes de 56,8 milliards de dollars.
Les caisses de l’État algérien bien renflouées
Rappelons à ce propos que la hausse du prix des hydrocarbures, consécutive à la guerre en Ukraine et l’augmentation des exportations de gaz en Europe, suite à la fermeture des pipelines russes, ont renfloué les caisses de l’État algérien. Permettant ainsi le financement du budget militaire.
« La hausse des prix des hydrocarbures contribue à renforcer la reprise de l’économie algérienne suite au choc de la pandémie. Les recettes exceptionnelles provenant des hydrocarbures ont atténué les pressions sur les finances publiques et extérieures ». C’est ce qu’indiquait, lundi dernier, une délégation du Fonds monétaire international (FMI), qui a récemment séjourné en Algérie.
Selon les experts, cette hausse sans précédent du budget militaire survient dans un contexte où les risques d’un conflit militaire entre les deux géants du Maghreb sont réels. Et ce, depuis qu’Alger a rompu ses relations diplomatiques en août 2021 avec le royaume. Sur fond de tiraillements autour du territoire disputé du Sahara occidental et du rapprochement sécuritaire entre Rabat et Israël.
Israël s’invite au conflit
Pour sa part, le Maroc a augmenté son budget militaire à 4,3 milliards de dollars. Consacrant ainsi 10,9 milliards de dollars à sa défense en 2023. Tout en signant un accord de sécurité avec son nouvel allié israélien.
Ces dépenses sont destinées à l’acquisition et la réparation d’équipements pour les Forces Armées Royales. Car, le Maroc a de grands projets pour sa défense aérienne. Un projet dans lequel il compte notamment sur la participation de l’industrie israélienne. Laquelle concluait d’importants accords de coopération avec le gouvernement marocain.
Déjà, en 2021, le Maroc acquérait le drone « Harop » auprès d’Israël Aerospace Industries (IAI). Soit, le premier groupe aéronautique public israélien; ainsi que le système antiaérien Barak MX.
Mais, il compte surtout acquérir Spyder (Surface-to-air Python and Derby). Il s’agit d’un système d’armes anti-aérien de conception israélienne. Ce dernier se compose de deux types de missiles surface-air, le Python 4 et le Derby.
Par ailleurs, Spyder « est capable d’engager des avions, hélicoptères, véhicules aériens sans pilote, les drones et les munitions guidées de précision à courte portée et basse et moyenne altitude ». De plus, il « peut défendre aussi bien des objectifs fixes, que des objectifs mobiles. Il est aussi équipé contre les menaces chimiques et biologiques », expliquent les experts militaires.