Tous les ingrédients d’un drame humain consécutif à l’immigration clandestine sont réunis : Linda, une fillette de 4 ans, haute comme trois pommes, se trouve embarquée, seule, à bord d’une embarcation de fortune qui l’amène à l’île de Lampedusa. A son retour au bercail, hier jeudi, il y a lieu de s’interroger sur les ravages psychologiques dévastateurs qu’elle aurait subis.
Accompagnée du délégué de la protection de l’enfance, Mehyar Hammadi, chargé de son rapatriement, la fillette est arrivée hier jeudi à l’aéroport Tunis-Carthage à bord d’un vol en provenance de Palerme. Linda fut accueillie par ses parents relâchés après avoir été accusés « d’abandon de mineur ».
Assourdissante absence
Malheureusement, la ministre de la Famille, de la Femme, de l’Enfance et des Personnes âgées n’a pas pris la peine de l’accueillir à son arrivée à l’aéroport, comme si cette triste affaire n’était qu’un vulgaire fait divers et non un drame humain qui a profondément choqué et bouleversé les Tunisiens et fait la Une dans la presse italienne et même mondiale !
N’aurait-il pas été dans l’ordre des choses que Mme Amel Belhaj Moussa vienne en personne pour prendre la petite rescapée dans ses bras, afin de montrer à ses compatriotes et au monde entier que l’Etat tunisien n’abandonne jamais ses enfants? Un signe fort et porteur d’espoir que, hélas, notre ministre n’a pas été accompli. Par manque de bienveillance ou faute de flair politique?
Pourtant, la ministre n’a pas failli
Pourtant, et par souci d’honnêteté, il faut rendre hommage aux efforts déployés par la ministre pour expatrier cet enfant et le prendre par la suite en charge.
En effet, la fillette est « en bonne santé », selon un communiqué du ministère de l’Enfance daté de lundi 21 novembre. Et celui-ci continuera de suivre le cas de la famille en collaboration avec le ministère des Affaires sociales. Sachant que la mère de Linda a intégré un programme d’insertion économique qui lui permettra de suivre une formation, afin de mettre en place un projet.
De plus, ajoute la même source, Linda va aussi intégrer les services d’éducation préscolaire dans une maternelle. D’autre part, le ministère de la Famille coordonnera avec le ministère de la Santé afin de fournir un soutien psychologique à sa sœur de sept ans, avant son opération chirurgicale dans un hôpital public.
Le drame d’une famille
A ce propos, Maître Faten Belamine, l’avocate de la famille de Linda a révélé, hier jeudi, dans une déclaration à Mosaïque FM que lors de cette tentative d’immigration clandestine, « la mère était enceinte et a perdu son bébé ». Selon la même source, le père de famille a décidé de tenter cette dangereuse aventure « essentiellement à cause de la maladie de sa fille ainée qui souffre de maladie nécessitant une intervention chirurgicale » ; alors que « la situation sociale de la famille est très difficile ».
Une histoire rocambolesque
Rétropédalage. Selon le témoignage de Majdi Karbaii, l’ancien député des Tunisiens d’Italie et membre actif de l’association Save the children cité par quotidien londonien The Guardian, le père de Linda, un vendeur ambulant de sandwichs, avait payé en octobre dernier 24 000 dinars à un passeur pour la traversée vers l’Italie. Espérant ainsi, obtenir des soins pour la sœur aînée de Linda, sept ans, qui souffre de problèmes cardiaques.
Mais au départ de cette traversée illégale, le père avait fait monter sa fille à bord de l’embarcation avant de rebrousser chemin pour aider sa femme et leur deuxième fille. Entre temps, dans un moment de panique, le conducteur qui a vu les gros phares d’un camion, a pensé que c’était la police, a démarré le moteur et est parti. Laissant ainsi la famille de Linda derrière bloquée sur la plage. Tandis que le bateau de fortune prenait le large vers l’Italie, emportant la fillette, seule, vers l’île de Lampedusa.
Notons, enfin, que le cas de Linda est loin d’être unique : plus de 2600 mineurs tunisiens, dont plus des deux tiers n’étaient pas accompagnés de leurs parents, sont parvenus à atteindre les côtes italiennes entre janvier et août 2022. Et ce, sur un total de plus de 13 000 migrants tunisiens.
No futur.