On reproche à la diplomatie tunisienne son attitude passive et son traitement approximatif des dossiers brûlants. Et ce, afin de pouvoir résoudre les problèmes, surtout économiques. Grâce à la coopération pour mieux préparer le terrain, notamment avant les grands rendez-vous internationaux.
D’ailleurs, des connaisseurs de la diplomatie et des observateurs avertis parmi les anciens diplomates estiment que le Président de la République et le département des Affaires étrangères peinent à trouver les bonnes compétences pour occuper les postes d’ambassadeur ou de consul, à l’étranger.
En effet, depuis plusieurs mois la Présidence de la République et le département des Affaires étrangères n’arrivent pas à élaborer la liste des noms. Lesquels seraient susceptibles de remplir les conditions d’occuper une trentaine de postes d’ambassadeurs et de consuls vacants. Et ce, depuis le départ de leurs anciens titulaires, principalement pour fin réglementaire de mandat.
A qui profite le vide de la diplomatie?
Autrement dit, le pouvoir central est au courant depuis bien longtemps de cette situation de « vide », mais sans rien faire pour le pourvoir. S’agit-il de l’absence de profils capables d’être nommés à ces postes? Ou bien est-ce par conviction que le pays n’a pas besoin d’être représenté dans ces pays frères et amis dont certains présentent une importance capitale pour les relations économiques et les échanges commerciaux en ces temps où la Tunisie a besoin de tout apport en matière de coopération.
Dans l’état actuel des choses, les chancelleries en question, sont gérées par les chefs de délégation qui assument les tâches et les prérogatives de l’ambassadeur ou de consul en l’absence prolongée de ces derniers. D’où l’obligation de pallier à ces défaillances de la diplomatie tunisienne dans les plus brefs délais avec une mise en place de programmes adéquats et des priorités pour le bon fonctionnement de l’institution diplomatique.
Et si la vacance des postes se poursuit durant des mois entiers sans même essayer de remédier à la situation, on est en droit de s’interroger sur les raisons d’un tel comportement ; malgré les répercussions négatives que cela peut avoir, inéluctablement, sur nos relations à l’international.
Surtout quand on sait les noms des chancelleries touchées par cette situation. Il s’agit notamment, au risque de nous tromper, des ambassades au : Canada, Brésil, Allemagne, Italie, Espagne, Portugal, Pologne, Chine, Corée, Grèce, Turquie, Afrique du Sud, Nigeria, Côte d’Ivoire, Mali, Burkina Faso, Qatar. Des Consulats généraux à : Lyon, Nice, Marseille, Milan, Bonn. Et des consulats : Montréal, Rome, Nanterre, Grenoble, Naples, Palerme, Munich, etc.
Mais, comme d’habitude, les autorités compétentes persistent dans leur péché mignon. En l’occurrence l’absence de toute communication envers l’opinion publique sur la chose publique.
D’ailleurs, on constate que cette pratique de mutisme n’est pas propre au ministère des Affaires étrangères et à la diplomatie. Mais elle est généralisée à tous départements officiels. Qu’on en juge…
Mutisme inapproprié sur les rapports avec le FMI
Les ministères de l’Economie et des Finances observent le black-out total concernant les détails de l’accord conclu entre le Gouvernement de Najla Bouden et le Fonds monétaire international (FMI) concernant les conditions de l’octroi du crédit envisagé et les réformes à entreprendre dans le cadre de cet accord.
Pour maintenir le flou à ce propos, « des fuites » laissent entendre des mesures « douloureuses » à prendre concernant les subventions. Donc les hausses éventuelles des prix à la consommation d’un bon nombre de produits de base. Alors que du côté de la présidence de la République et du ministère des Affaires sociales, on entend un autre son de cloche quant au maintien de l’approche sociale dans la politique officielle et la gestion des dossiers économiques. Sachant que théoriquement, ledit accord avec le FMI devrait être signé par le chef de l’Etat en personne.
Dans le même domaine économique et social, on a constaté une hausse plus importante des prix des hydrocarbures. Alors que les cours mondiaux sont, plutôt ces jours-ci, à la baisse. Et dire qu’on parlait d’une question d’ajustement des prix!
Justice : des éclaircissements attendus pour plusieurs dossiers
Du côté de la justice, l’état des lieux n’est pas mieux loti. A savoir : absence du mouvement judiciaire. Alors que l’année judiciaire a démarré, théoriquement et officiellement, il y a deux mois et demi. Les membres du Conseil supérieur de la magistrature ne sont pas encore nommés. L’affaire des juges révoqués par décret présidentiel et réhabilités dans leurs droits par une décision du Tribunal administratif fait encore du surplace, dans le sens où ils ont été empêchés de reprendre du service…
Toujours du côté du volet de la justice, on a été surpris d’apprendre, la veille du week-end et du match décisif de l’Equipe nationale contre l’Australie en phase finale du Mondial 2022, la décision de traduire 25 personnes devant le juge d’instruction pour des accusations de la plus haute gravité ; mais sans que nous soit fourni le moindre détail.
Dans cette liste, rendue officiellement publique après qu’elle a commencé à circuler à travers les pages de Facebook, on retrouve d’importantes personnalités du monde politique, économique, diplomatique ; mais aussi du journalisme, de la culture et de l’art. Ce qui a suscité l’étonnement quant aux éventuels liens entre les différents accusés.
Mais encore une fois, motus et bouche cousue quant aux détails de cette affaire où les accusés risquent, d’après les motifs de leur convocation, les pires peines pouvant aller jusqu’à la peine capitale!
Pour une communication à une « seule vitesse »
En tout état de cause, et comme à l’accoutumée depuis plus de trois ans, les médias se retrouvent astreints à émettre des hypothèses et à attendre les explications et autres interprétations fournies par certains. Ces derniers éprouvant un malin plaisir à détenir les vérités comme l’avait démontré, tout récemment, Riadh Jrad à propos de l’interdiction de voyage à l’encontre de Fadhel Abdelkefi. Tandis que l’avocate Wafa Chedli affiche fièrement être dans les secrets des Dieux en parlant avec force détails du contenu de certains dossiers judiciaires dont personne d’autre n’a pu prendre connaissance.
A quand une communication officielle à une seule vitesse et disponible à toutes les Tunisiennes et tous les Tunisiens sur le même pied d’égalité?