Dans le contexte des turbulences sur le marché mondial du pétrole, l’OPEP et ses alliés (OPEP+) devraient envisager de nouvelles restrictions sur l’approvisionnement en pétrole; et ce, lors de leur réunion de ce week-end.
L’Arabie saoudite et ses partenaires ont surpris les acheteurs le mois dernier en annonçant des réductions de production de deux millions de barils par jour. D’ailleurs, ils ont été vivement condamnés par le président américain Joe Biden. Même ainsi, le Brent a chuté vers 80 dollars le baril, effaçant ses gains de l’année; alors que la situation en Chine se détériorait. Jusqu’à cette semaine, les délégués de l’OPEP+ avaient prédit qu’ils suspendraient les réductions de production pour évaluer leur impact. Mais maintenant, ils disent qu’ils pourraient opter pour des réductions plus importantes. Les discussions au sein de l’OPEP+ n’ont pas encore officiellement commencé avant la réunion du 4 décembre.
L’Arabie saoudite a envoyé un signal inhabituellement clair avant la réunion au marché. En effet, la semaine dernière, le ministre saoudien de l’Énergie, Abdelaziz Ben Salman, a déclaré que l’OPEP+ était « prête à intervenir ». Et ce, pour réduire davantage l’offre, si nécessaire pour « équilibrer l’offre et la demande ».
A cet égard, « l’OPEP pourrait avoir le choix entre reconduire ou réduire davantage la production ». Ainsi déclare Amartya Sen, analyste pétrolier en chef et co-fondateur du cabinet de conseil Energy Aspects, qui était « toujours vigilant quant à l’équilibre offre-demande ».
Dix des 16 traders et analystes interrogés par Bloomberg cette semaine s’attendent à de nouvelles coupures d’approvisionnement. Avec des estimations allant de 250 000 à 2 millions de barils par jour.
Incertitude sur les sanctions contre la Russie
Alors que l’OPEP+ semble se concentrer sur les risques baissiers pour le marché, elle a également rencontré des réactions négatives. Car l’OPEP+ reste sous la pression des pays consommateurs pour éviter l’inflation en gardant les robinets ouverts pour l’approvisionnement en pétrole. En particulier, des réductions de production supplémentaires pourraient encore tendre les relations entre l’administration Biden et l’Arabie saoudite.
En outre, les marchés mondiaux sont quelque peu tendus, les stocks des pays développés étant à leur plus bas niveau depuis 2004. Sachant que l’Union européenne interdira les importations de pétrole brut maritime russe un jour après la réunion de l’OPEP+. Tandis que les diplomates européens discutent également du plafonnement des prix du pétrole russe.
Avec les mesures en place, la production russe chutera de 15 % au début de l’année prochaine, selon l’AIE. Cependant, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la production pétrolière russe s’est avérée étonnamment résistante aux sanctions internationales. Et les prévisions de l’AIE ont tendance à être trop pessimistes.
« La prévision du solde de base ne suggère aucune urgence pour réduire la production. D’autant plus que les stocks restent faibles ». C’est ce qu’estime Paul Hosnell, responsable des matières premières chez Standard Chartered.
Faible demande en Asie
De ce fait, la mise en œuvre des réductions de production envisagées peut dépendre de l’orientation des contrats à terme sur le pétrole brut dans les prochains jours.
« L’OPEP+ envisagera sérieusement de nouvelles réductions de production lors de sa prochaine réunion. Surtout si les prix du pétrole brut tombent bien en dessous des niveaux actuels la semaine prochaine », complètent les analystes d’Eurasia Group dans une note.
Par ailleurs, les perspectives des principaux marchés asiatiques ont continué de s’assombrir. Et ce, après les manifestations du week-end contre les mesures strictes contre le coronavirus, notamment à Shanghai et à Pékin. Des banques, dont Goldman Sachs Group Inc., affirme que les chances d’une sortie chaotique de la politique de « zéro dynamique » de la Chine augmentaient à mesure que les infections à coronavirus se propageaient et que les résidents protestaient contre les mesures antiépidémiques.