« On a bien conscience que le prochain match sera face à un adversaire très fort; mais il y a parfois des surprises ». C’est ce qu’a reconnu le sélectionneur de l’équipe de Tunisie, Jalel Kadri, avant la rencontre de cet après-midi contre les Bleus. Mais, « il faudra que l’on donne le meilleur de nous-mêmes, espérer concrétiser nos occasions et corriger nos erreurs des matchs précédents ». Les Aigles de Carthage en ont-ils les moyens?
Mission impossible? Disons le tout de go, la sélection nationale n’a plus son destin entre ses mains depuis qu’elle a concédé un match nul contre le Danemark (0-0) et essuyé une humiliante défaite face à l’Australie (0-1), ne parvenant pas à marquer le moindre but en deux matchs. Sur le papier, le onze national qui jouera cet après-midi contre les Bleus, champions du monde en titre, est quasiment éliminé dès le premier tour de ce Mondial du Qatar, perdant tout espoir de figurer au deuxième tour. A moins que les joueurs de la Tunisie soient capables d’un miracle ou d’un exploit hors-norme.
Faut-il pour autant s’en mordre les doigts? Oui, sans aucun doute. Car, en deux matchs, l’équipe de Tunisie nous a montré deux visages à l’antipode l’un de l’autre.
Un match séduisant face au Danemark
Face au Danemark, une équipe séduisante à la fois athlétique et technique, n°10 au classement Fifa, la Tunisie, sans complexe, avait sorti un match tout à fait honorable. Surtout en première mi-temps ou la mainmise tunisienne sur le match était évidente.
Après la pause, les Scandinaves reprennent du poil de la bête, mais les Tunisiens résistent sans craquer. Ils auraient même pu rêver mieux alors que la VAR leur refusa un possible penalty dans les arrêts de jeu (90e+4). Bref, devant un public survolté et tout acquis à sa cause, l’équipe nationale, vaillante et solide défensivement, aurait même pu faire mieux qu’un score nul et vierge (0-0).
L’humiliation face aux Socceroos
Mais, autre rencontre, autre visage des Aigles de Carthage. Dans un match sans relief, sans goût ni saveur et qui ne restera certainement pas dans les annales de ce Mondial du Qatar, les protégés de Jalel Kadri se sont inclinés au stade Al-Janoub, à Al-Wakrah, devant la modeste Australie, sèchement battus, il y a quatre jours par les champions du monde tricolores. Et ce, sur le score de 1-0. Un but réalisé sur l’un de leurs deux seuls tirs cadrés durant toute la rencontre!
Alors à qui la faute? A une équipe tunisienne incapable de tenir le même rythme dans une compétition de haut niveau? A la baisse de forme de l’ensemble de joueurs qui erraient sur le terrain comme une âme en peine? Aux carences sur le plan offensif d’une équipe habituée depuis des lustres à jouer le Catenaccio? La preuve : zéro but en 180 minutes de jeu? Aux changements hasardeux et tardifs opérés par un coach qui manque visiblement d’expérience, de maturité et de vision tactique? Bref, un match à oublier absolument.
Ainsi, et contrairement aux Danois qui affrontent les Australiens, cet après-midi dans un match couperet et qui ont toutes les chances de passer aux huitièmes de finale, les champions d’Afrique 2004 se sont compliqué la vie avant d’affronter les Tricolores, au stade de l’Education City Stadium dès 16 heures, lors de la troisième et dernière journée du groupe D.
L’espoir est-il encore permis pour la Tunisie?
Pour rappel, l’équipe de France avait déjà affronté à quatre reprises la Tunisie en 1978, 2002, 2008 et 2010. Sur ces quatre rencontres, les doubles champions du monde ont remporté deux fois la mise et concédé deux matchs nuls. Sachant que sur les 26 joueurs sélectionnés par Jalel Kadri pour participer au Mondial, dix d’entre eux sont nés en France et sont issus de centre de formation de l’Hexagone. A l’instar de Mouez Hassen, Wajdi Kechrida, Nader Ghandri, Dylan Bronn, Montassar Talbi, Ellyes Skhiri et Aissa Laidouni.
A noter également qu’à l’issue de ses deux premiers matchs contre l’Australie (4-1) et le Danemark (2-1), les Bleus se sont propulsés aux 1/8 de finale de cette Coupe du monde. Avec au compteur six points et une différence de buts favorable, les Tricolores termineront, sauf très improbable faute de parcours en tête du groupe D. Pourtant, mathématiquement, cette première place n’est pas encore assurée. C’est dire qu’une victoire ou un score vierge face à la Tunisie est nécessaire pour les mettre à l’abri.
Pour la Tunisie, seule une victoire cet après-midi contre le double champion du monde, ainsi qu’un match nul entre l’Australie et le Danemark, ou la victoire des Danois nous évitera une humiliante sortie par la petite porte.
Le technicien français, Didier Deschamps, qui alignera probablement ses doublures pour laisser souffler son équipe-type engagée dans le marathon infernal des matchs à venir, lèvera-t-il le pied comme le lui suggère son ami Cyril Hanouna?
En effet, lors de l’émission Touche pas à mon poste, l’animateur de C8, dont les parents sont d’origine tunisienne, avait demandé au sélectionneur des Bleus dont il est très proche : « La France est sûre d’être qualifiée, ils vont rencontrer la Tunisie mercredi… Didier, laisser marquer la Tunisie ». Lançant cette étrange requête en direct sur l’antenne.
Bien entendu, et en dépit de l’amitié qui lie les deux hommes, Didier Deschamps ne fera aucune concession à la Tunisie. Et ce, au nom d’une certaine éthique sportive et par respect du groupe D, au sein duquel la France évolue.
Alors, les Aigles de Carthage ne doivent en aucun cas baisser prématurément les bras. En football, une victoire est toujours possible. A condition d’y croire.