Comment expliquer que certains pays du Golfe aient massivement importé des armes de défense en provenance d’Israël? Par la menace illustrée par le succès spectaculaire des drones kamikazes iraniens que Moscou utilise contre les cibles militaires et civiles en Ukraine.
C’est un secret de Polichinelle qu’Israël figure dans le club très fermé des puissances qui possèdent l’arme nucléaire. Mais, ce que nous savons moins, c’est que ce pays est classé dixième parmi les exportateurs internationaux d’armes au cours des cinq dernières années. Ironie de l’histoire, certains pays arabes ayant normalisé avec l’Etat hébreu sont parmi ses clients les plus fidèles.
Hausse spectaculaire des exportations d’armes israéliennes
En effet, selon Ha’Aretz, le plus grand quotidien national d’Israël, le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, vient de révéler que les exportations en matière de défense israéliennes ont totalisé 11,3 milliards de dollars l’année dernière; contre 8,3 milliards de dollars en 2020.
Toujours selon la même source, l’Europe a été le plus grand acheteur d’armes israéliennes en 2021. Totalisant ainsi 41% du total des exportations. Suivent la région Asie-Pacifique avec 34% et l’Amérique du Nord avec 12%. Les Émirats arabes unis et Bahreïn représentent 7% des achats d’armes. Soit un montant de 800 millions de dollars.
En effet, depuis la signature des accords d’Abraham il y a environ deux ans, Israël a vendu pour plus de trois milliards de dollars d’armements à des pays de la région du Golfe, vient de révéler le ministre israélien de la Défense. Soulignant à l’occasion que depuis la conclusion de ces accords, environ 150 réunions ont été organisées entre des responsables militaires israéliens et leurs homologues de certains pays arabes.
En outre, Ha’Aretz révèle que les missiles, roquettes et systèmes de défense aérienne ont constitué la plus grande partie des exportations (20%). Suivis des contrats de formation (15%). Les exportations de drones et d’engins sans pilote représentaient 9% de toutes les ventes d’armes, tout comme les radars et les systèmes de guerre électronique. L’avionique, la surveillance électronique, les projecteurs d’armes, les véhicules et les munitions forment une grande partie du reste.
Normalisation et menaces iraniennes
Ce bond «est le résultat cumulé de la signature d’accords de normalisation avec plusieurs pays arabes, de la menace iranienne croissante et de la guerre en Ukraine. Deux facteurs principaux expliquent cette augmentation des exportations d’armes par Israël notamment dans le domaine de la défense antiaérienne. D’abord, Les accords d’Abraham, signés à l’automne 2020 sous l’égide des États-Unis, entre Israël et les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc, ont débouché sur la signature de contrats d’armements israéliens avec certains États arabes».
«Ensuite, poursuit le quotidien israélien, l’apparition des drones kamikazes iraniens dans la guerre qui se déroule actuellement sur le théâtre ukrainien et leur succès ont mis les États du Golfe en alerte; et ce, face au potentiel militaire de Téhéran. Ces pays ayant déjà eu à subir des attaques de l’Iran».
Les ravages des drones iraniens en Ukraine
Rappelons à ce propos que Moscou utilise des appareils iraniens pour détruire les infrastructures énergétiques de l’Ukraine; au lieu d’utiliser les missiles russes plus coûteux à fabriquer.
En effet, les troupes de Vladimir Poutine ont commencé à utiliser massivement des drones iraniens kamikazes baptisés Shahed-136. Lesquels ont causé de terribles dégâts sur des sites militaires importants dans les villes d’Odessa et de Bila Tserkva; mais aussi sur de nombreuses infrastructures civiles dans le centre de Kiev.
Selon les experts militaires, le drone kamikaze est peu cher à produire, son coût unitaire serait de 20.000 euros. Ce prix, très faible par rapport à celui de la construction d’un missile, permet de produire facilement ce genre d’appareil en masse. De même que de l’utiliser en essaims pour viser une cible clef. Ainsi, même si les défenses ukrainiennes abattent la majorité des drones lancés contre elles, il suffit que quelques Shahed s’écrasent sur un bâtiment ou un véhicule blindé pour causer de gros dégâts.
De plus, la force du Shahed réside également dans sa simplicité technologique : le fait que le drone kamikaze soit «primitif» dans sa conception le protège également de certains types de brouillages électroniques ou de techniques de piratage qui ciblent normalement des missiles ou des appareils avec des logiciels informatiques plus complexes.