Le premier Sommet sino-arabe se tiendra le 9 décembre à Riyad, la capitale saoudienne.
Les chancelleries arabes se préparent à ce rendez-vous historique (1er Sommet sino-arabe), dont l’ambition est de renforcer les relations de coopération à travers des initiatives et projets avec un géant asiatique, dont la montée en puissance bouscule les grands équilibres internationaux.
La montée en puissance de la Chine dans le monde
La seconde moitié du XXe siècle avait été marquée par une ascension japonaise qui avait bouleversé la hiérarchie des pays industrialisés établie depuis la fin du XIXe siècle.
La montée en puissance de la Chine est d’une nature et d’une ampleur tout autre au XXIe siècle : il s’agit là d’un phénomène historique inédit et exceptionnel, aux conséquences structurelles pour la géopolitique mondiale.
L’une des grandes figures du Tiers-monde, au XXe siècle, s’est engagée dans une mondialisation qui lui a permis de bénéficier d’une très forte dynamique de croissance économique source de développement (inégalitaire) du pays.
Après avoir consolidé sa domination régionale sur le pôle asiatique, la Chine s’est élevée jusqu’au sommet de la hiérarchie des puissances internationales, avec la volonté de contester le leadership mondial des États-Unis.
Pays le plus peuplé au monde (avec l’Inde), troisième plus grand par la superficie, la Chine est la deuxième puissance économique mondiale. Seuls les États-Unis affichent un PIB supérieur.
La Chine était à la fin des années 1970 une économie fermée et d’un poids marginal dans l’économie mondiale. Elle a réalisé un rattrapage économique et commercial spectaculaire dans une période très courte.
« La Chine était à la fin des années 1970 une économie fermée et d’un poids marginal dans l’économie mondiale »
Lorsque la Chine a adhéré à l’OMC, son poids économique était comparable à celui de la France. En intégrant le marché mondial, la Chine a connu une expansion considérable de ses capacités de production et d’exportation.
Aujourd’hui, non seulement la Chine a abandonné définitivement son statut de pays émergent, mais elle pèse davantage que l’ensemble de la zone euro et concurrence les États-Unis. Depuis 1981, le poids de la Chine dans l’économie mondiale a bondi de 2 % à près de 20 %.
Véritable locomotive de l’économie mondiale, le pays a enregistré une croissance annuelle de son PIB quasiment à deux chiffres entre 1980 et 2016. Une dynamique ralentie ces dernières années, à cause notamment des conséquences de la pandémie de Covid.
Cette montée en puissance repose désormais sur le projet des « nouvelles routes de la soie », le plus grand projet d’infrastructures de l’histoire de l’humanité. C’est un réseau de dizaines de milliers de kilomètres de routes, de voies ferrées, de pipelines. Il s’étend sur l’espace terrestre et maritime eurasiatique.
L’investissement est colossal. A savoir plus de 1000 milliards sous la forme notamment de prêts à destination aux pays en voie de développement. Celui-ci charrie plus que de simples relais de croissance pour la Chine. Il y a là une volonté de développer un ordre international alternatif. Un projet dans lequel le monde arabe est pris en considération.
La montée en puissance de la Chine dans le monde arabe
Ancrées dans une longue histoire et des dénominateurs culturels communs, les relations sino-arabes revêtent aujourd’hui une dimension stratégique pour la Chine. Car elle considère son approvisionnement en pétrole comme une question de sécurité nationale. En effet, le développement de sa puissance économique et commerciale passe par une dépendance énergétique accrue pour le premier importateur mondial d’or noir.
Ces dernières années, Pékin a conforté ses liens, surtout économiques, avec les pays arabes, notamment ceux du Golfe riches en hydrocarbures.
Les pays arabes bénéficient de la main-d’œuvre et du savoir-faire chinois et entendent profiter d’investissements financiers et de transferts de technologie massifs.
« Ancrées dans une longue histoire et des dénominateurs culturels communs, les relations sino-arabes revêtent aujourd’hui une dimension stratégique pour la Chine »
Si la nature de ces intérêts communs diffère au Moyen-Orient et au Maghreb, la politique chinoise dans le monde arabe s’articule autour de relations bilatérales (accords et partenariats) et multilatérales (forums de coopération, dont le Forum économique et commercial Chine-pays arabes), politique pragmatique (mise en évidence par l’attitude chinoise au Conseil de sécurité de l’ONU depuis la guerre du Golfe de 1991) qui exclut toute présence militaire et toute prétention messianique.
La montée en puissance de l’influence asiatique dans le monde arabe ne s’accompagne pas d’une ingérence dans les affaires internes (sauf lorsque la vie de leurs propres ressortissants est en jeu). La Chine a observé néanmoins avec attention l’évolution du « réveil des peuples arabes » amorcé à la fin 2010.
La relative stabilisation politique conforte la stratégie chinoise consistant à se rapprocher de partenaires arabes susceptibles de jouer un rôle non négligeable dans la compétition qui se joue désormais avec les Etats-Unis pour le leadership mondial.