Le Gouvernement Bouden, le SG de l’UGTT Noureddine Taboubi ainsi que la cheffe du PDL, Abir Moussi, n’arrivent pas à mettre de côté leur supposé différend politique, au risque de compromettre l’accord avec nos bailleurs de fonds. Et ce, d’autant plus que cet accord attend d’être validé par le conseil d’administration du FMI. De l’irresponsabilité politique.
Quelle image sommes-nous en train de montrer aux bailleurs de fonds? Alors même que nous attendons avec fébrilité que l’accord entre le Fonds monétaire international (FMI) et le gouvernement tunisien soit validé par le conseil d’administration de l’instance de Bretton Woods. Lequel va permettre le déblocage d’un versement de 1,9 milliard de dollars?
Malheureusement, la piteuse image d’une classe politique divisée, incapable de marcher la main dans la main alors que notre pays est confronté à la pire crise socio-économique depuis l’indépendance. Quitte à donner parfois l’impression que certains de nos hommes politiques souhaitent en secret que l’accord avec le FMI capote. De l’art de jouer contre son camp. Suicide collectif garanti!
Sinon, comment expliquer que la commémoration de l’assassinat du martyr de la nation, Farhat Hached- supposée être un jour de recueillement pour le souvenir du fondateur de l’UGTT qui donna sa vie et versa son sang pour la Patrie- soit transformée en un vil règlement de comptes?
Rupture totale entre Bouden et son partenaire social?
En effet, après une brève éclaircie, de sombres nuages semblent s’accumuler dans le ciel des relations tumultueuses entre la place Mohammed Ali et le palais de la Kasbah. Cela veut-il dire que le divorce soit déjà consommé entre Noureddine Taboubi et Najla Bouden?
Dans un discours musclé, le SG de l’UGTT a profité de la commémoration du 50ème anniversaire de l’assassinat du leader syndicaliste pour réitérer, encore une fois, que son organisation «se désengage de tous ses accords avec le gouvernement ».
Pis, l’instance administrative de l’UGTT se réunira, avant la fin de l’année en cours pour étudier les scénarii possibles, dont le recours à l’arme fatale : la grève générale. Sachant que les terribles conséquences du 26 janvier 1978 sont encore dans tous les esprits.
Lors d’une cérémonie tenue samedi dernier au palais du Congrès, le patron de la centrale ouvrière s’est attaqué violemment au gouvernement Bouden. En accusant cette équipe « de manquer de décision » et « d’opter pour les solutions de facilité et un double discours ».
« Malheureusement, le gouvernement n’a pas de programme et procède avec les mêmes mécanismes que les gouvernements précédents », a-t-il indiqué dans son intervention devant les congressistes.
D’ailleurs, il a invité le président de la République à procéder à un remaniement ministériel « afin de sauver le pays de la crise économique et sociale à laquelle la Tunisie est confrontée ».
Revenant sur l’épineux dossier de la levée de la compensation, l’intervenant a opposé un franc niet à sa suppression. Tout en proposant plutôt une « révision participative du système de compensation ». Rappelant à l’occasion que les accords « secrets » du gouvernement avec le Fonds monétaire international « n’engagent pas les salariés ».
Taboubi : « Personne ne peut mettre l’UGTT à sa place »
Enfin, devant une salle survoltée et toute acquise à sa cause, le SG de l’UGTT a rappelé que l’organisation syndicale « restera une force de suggestion, d’initiative et d’équilibre. En plus « d’être un acteur clé dans le processus de la réforme politique et de la transition démocratique ainsi que dans la stabilité sociale et la croissance économiques ». Et ce, en dépit « des campagnes de diabolisation et les tentatives de sabotage ».
Et de conclure sur un ton menaçant : « Je m’adresse à ceux qui prétendent que le système actuel avait remis l’UGTT à sa place. Ni ce système, ni celui qui l’avait précédé, ni même le prochain ne sont capables de remettre l’UGTT à sa place. Personne n’en est capable ».
Abir Moussi fustige « le silence » de Taboubi
D’autre part, et en marge de la commémoration à Sfax du 70e anniversaire de l’assassinat Farhat Hached, la cheffe du parti destourien a critiqué, dimanche 4 décembre 2022 sur les ondes de Shems FM, le dernier discours du SG de la centrale syndicale au palais des Congès. Lequel, selon elle, « n’était pas à la hauteur des attentes et des aspirations des Tunisiens ».
Abir Moussi a également exprimé sa « déception ainsi que celle de tous les Tunisiens » quant au « silence » de Taboubi « envers plusieurs pratiques du président Kaïs Saïed; notamment, en ce qui concerne le référendum et le Code électoral ».
Rancœur et égo hypertrophié
Et de monter au créneau contre « ceux qui gèrent la centrale syndicale comme s’il s’agissait d’une propriété privée. « Les revendications exprimées par Taboubi à travers son discours d’hier sont insuffisantes. Celui qui refuse le sauvetage de la Tunisie avec des solutions radicales est un traître », s’est-elle écriée. Rappelant au passage qu’il existe « des rancœurs politiques » derrière le refus de tout contact avec le PDL. Et soulignant avoir auparavant contacté, Noureddine Taboubi pour lui présenter une charte politique à soumettre au bureau exécutif; « sauf qu’il n’a pas donné suite ».
Abir Moussi déplore également « la politisation » de l’organisation ouvrière et son « éloignement de l’essence de sa mission nationale » Et de conclure : « Les rancunes politiques sont derrière le refus de l’organisation de traiter avec le Parti destourien libre ».
Rancœur, concurrence et égo surdimensionné. Voici les mots clés de la rupture entre la puissante centrale syndicale et le premier parti d’opposition. Lesquels n’arrivent pas à accorder leurs violons, même en ces moments critiques que traverse notre pas. Dommage.