L’Union Européenne a accepté de plafonner les prix du pétrole russe transporté par mer à 60 dollars le baril, après plusieurs jours d’intenses négociations. Les négociations avaient été bloquées par la Pologne avant que les ministres réunis à Varsovie parviennent à un accord.
Cette décision intervient après celle prise en septembre par le G7, d’imposer une limite au brut russe transporté par voie maritime. L’objectif est de limiter les revenus que le Kremlin tire de cette matière première. Moscou a prévenu que ce plafonnement du prix du pétrole pourrait avoir des conséquences désastreuses sur les marchés de l’énergie et pousser les prix des matières premières encore plus haut.
Dans le détail, le prix limite sera réexaminé régulièrement afin de surveiller ses ramifications sur le marché. Mais il devrait être inférieur d’au moins 5 % au prix moyen du marché.
Le plafonnement des prix entrera en vigueur à partir d’aujourd’hui, lundi du 05 décembre 2022, pour le pétrole brut et du 05 février 2023 pour les produits pétroliers raffinés. Le plafond pour ces derniers sera finalisé ultérieurement. L’accord entrera en vigueur simultanément dans tous les pays.
Les mesures de plafonnement des prix prévoient en outre une période de transition. Ainsi, elles ne s’appliqueront pas au pétrole acheté à un prix supérieur au plafond s’il est chargé sur des navires avant le 5 décembre et déchargé avant le 19 janvier 2023.
Accord pas simple à appliquer
Mais pour que ce mécanisme fonctionne, le G7 et l’UE auront besoin du soutien d’autres grands acheteurs pour que le plafond soit efficace.
La Chine et l’Inde, par exemple, ont augmenté leurs achats de pétrole russe à la suite de l’invasion de l’Ukraine pour bénéficier des tarifs réduits offerts par Moscou.
Ces pays semblent peu enclins à se conformer au plafond car ils feront privilégier l’intérêt de leurs consommateurs locaux en premier lieu.
Par ailleurs, l’OPEP et les producteurs non-OPEP, le groupe de 23 nations productrices de pétrole connu sous le nom d’OPEP+, ont décidé hier de maintenir le cap sur sa politique de production, dans l’attente d’une interdiction du brut russe par l’UE.
La réduction de la production de pétrole de 2 millions de barils par jour, soit environ 2 % de la demande mondiale, sera donc maintenue jusqu’à la fin de 2023.
La décision était contre les attentes puisque les spécialistes du pétrole pensaient plutôt que l’OPEP+ envisage de nouvelles réductions de la production pour soutenir les prix; avant que les revenus pétroliers de la Russie ne subissent un double revers.
De plus, chaque État de l’UE et du G7 devra surveiller les entreprises basées sur son territoire. Et si un navire battant le pavillon d’un pays tiers est identifié comme transportant du pétrole russe à un prix excédent le plafond, il sera interdit aux opérateurs occidentaux de l’assurer et de le financer pendant 90 jours.
Enfin, les prix du pétrole ont augmenté ce matin et le Brent s’échange à plus de 86,6 dollars à la rédaction de ces lignes. Cela reste encore loin des pics des semaines qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine. Les investisseurs ont toujours des craintes quant à l’affaiblissement de la demande de brut en Chine et au risque croissantes de récession.