Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a déclaré lundi que le meilleur moyen pour l’Europe de lutter contre le « projet de loi sur la réduction de l’inflation » américain est d’adopter la même approche que les entreprises européennes et d’attirer les investissements à travers le monde.
M. Le Maire affirme que l’UE devrait étudier tous les outils disponibles pour contrer l’inflation en stimulant son industrie. Cela comprend la fusion des régimes de financement de l’État, l’accélération et la simplification des régimes de soutien connus sous le nom de projets importants d’intérêt européen commun. De même que l’utilisation des fonds détenus par la Banque européenne d’investissement.
« Combinons les moyens fiscaux pour avoir une Europe très forte qui puisse fournir le même montant d’argent que les États-Unis ont proposé ». C’est ce que déclarait M. Le Maire avant une réunion des ministres des Finances de la Zone euro (Eurogroupe), à Bruxelles.
Il a ajouté que la « meilleure réponse » à la loi américaine sur la réduction de l’inflation serait d’en introduire une version européenne. Ce qui signifie que « l’Europe a la capacité de se doter des mêmes moyens simples, à grande échelle et efficaces pour régénérer l’industrialisation et la décarbonation de l’économie européenne ».
Un projet contesté
En effet, le projet de loi américain entrait en vigueur en août. Et il devenait une pomme de discorde dans l’Union européenne. Au milieu des plaintes selon lesquelles les États-Unis attireront les investissements hors du bloc avec des milliards de dollars d’incitations pour les entreprises des énergies renouvelables.
Ainsi, ce projet de loi comprend au moins 374 milliards de dollars de mesures climatiques et d’énergie propre au cours de la prochaine décennie. En plus des incitations pour soutenir de nouvelles usines nationales d’énergie solaire, de batteries et de véhicules électriques.
D’ailleurs, le président français Emmanuel Macron qualifiait la loi « d’inamicale ». A cet égard, M. Macron exprimait les préoccupations de l’UE à Joe Biden lors d’une visite d’État aux États-Unis la semaine dernière. Puis, il déclarait, plus tard, que les deux dirigeants avaient convenu de résoudre le différend après que M. Biden eut déclaré qu’il ne s’excuserait pas pour la décision.
L’UE devait être plus flexible
De son côté, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, constatait ce week-end que l’UE devrait réévaluer la nécessité d’un financement supplémentaire pour une transition vers les technologies vertes. Et ce, en améliorant les règles en matière d’aides d’État pour stimuler les investissements publics. Tout en travaillant avec les États-Unis pour résoudre les aspects les plus inquiétants du projet de loi.
Pour sa part, le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, qui a également assisté à une réunion de l’Eurogroupe, précise que la mesure américaine était une invitation pour l’Europe à mettre de l’ordre dans ses propres affaires.
M. Lindner estime que l’UE devait être plus flexible et qu’il y avait « une marge d’amélioration » en matière d’aides d’État. En outre, il relève qu’un débat plus approfondi était nécessaire sur certaines parties de l’initiative de von der Leyen, notamment la proposition de Fonds souverain européen.
« Si cela signifie une sorte de refonte des instruments existants, je suis ouvert à en discuter », déclare encore Lindner. « Si les fonds souverains signifient une nouvelle dette européenne commune, alors je ne pense pas que ce soit une bonne chose pour notre compétitivité ou notre stabilité ».
Dans ce contexte, la responsable de la concurrence de l’Union européenne, Margrethe Vestager, confirmait la semaine dernière qu’éviter une course aux subventions était une priorité absolue. Elle mettait donc en garde contre les risques d’une guerre commerciale transatlantique.
Enfin, la ministre néerlandaise des Finances, Sigrid Kaa, concluait lundi que « l’Europe devrait continuer à avoir un bon dialogue avec les Etats-Unis, parce qu’ils sont nos alliés après tout ».