L’accord sur la déforestation importée conclu hier par le Parlement européen, la Commission et le Conseil constitue « une répulsion pour la COP15 » de l’accord sur la diversité biologique qui débute cette semaine au Canada.
Cela a été déclaré hier par les organisations incluses dans l’Alliance zéro déforestation (ACD), qui comprend les Amis de la Terre, la Confédération des consommateurs et des utilisateurs (CECU), le coordinateur du commerce équitable de l’État, Ecologists in Action, Greenpeace, Mighty Earth, SEO/BirdLife et WWF, « exprimant sa satisfaction » pour un document obtenu « grâce à la pression de la société civile ».
La proposition finale du nouveau règlement approuvé par les institutions européennes vise à minimiser le risque de déforestation et de dégradation des forêts associé aux produits commercialisés dans l’UE et « améliore la proposition initiale, en incluant dans son champ d’application des matières premières telles que le caoutchouc et le charbon de bois, entre autres, ainsi qu’une définition plus large de la dégradation des forêts ».
Lorsqu’il entrera en vigueur, le texte obligera les entreprises qui vendent ou commercialisent certaines matières premières sur le marché européen à retracer leur origine et à démontrer qu’elles ne sont pas liées à la destruction ou à la dégradation des forêts.
Les organisations environnementales et sociales reconnaissent le rôle particulièrement actif du Parlement européen « qui a défendu la position la plus ambitieuse » et « très proche » de celle soutenue par l’alliance elle-même et par la coalition internationale d’ONG Together for Forests (Ensemble pour les forêts) dans « une négociation difficile » contre la position de la Commission et du Conseil.
Le soja, l’huile de palme et le bœuf étaient les produits qui intégraient le plus de déforestation tropicale dans les importations de l’UE, suivis du caoutchouc, du cacao, du café et des produits du bois, et la déforestation intégrée était plus élevée dans les importations en provenance du Brésil, d’Indonésie, d’Argentine et du Paraguay.
Un compromis à la COP15 ?
Selon les données de l’ACD, l’Union européenne « est actuellement le deuxième responsable mondial de la déforestation tropicale » avec 16% du total mondial (plus de 200 000 hectares déboisés en 2017 et une émission de CO2 estimée à 116 millions de tonnes), ce qui la place après la Chine (24%) mais devant l’Inde (9%), les États-Unis (7%) et le Japon (5%).
Si ces quatre derniers pays « approuvaient des normes similaires à celle convenue aujourd’hui par l’UE, ils pourraient mettre un terme à près de 75% de la déforestation importée dans le monde », estime l’alliance, pointant la COP15 de la Convention sur la diversité biologique qui se tient à Montréal (Canada) du 7 au 19 décembre comme « le moment idéal » de cet engagement.
Cependant, le communiqué déplore également l’opposition de certains États membres du Conseil à inclure des « questions très pertinentes » dans son champ d’application, telles que la notion d' »autres terres boisées » ou l’obligation pour les institutions financières de réclamer des exigences supplémentaires pour s’assurer que leurs activités ne contribuent pas à la déforestation.
En tout état de cause, certaines de ces mesures pourront être reprises dans un délai d’un ou de deux ans après leur analyse par la Commission européenne.
L’ACD propose que la prochaine étape soit « la création d’une autorité compétente pour contrôler le bon respect de la réglementation » et, dans ce sens, demande spécifiquement au gouvernement espagnol de garantir « les ressources financières, humaines et techniques nécessaires » à l’application et la conformité avec le règlement ainsi que « des mesures supplémentaires pour aider les secteurs économiques concernés ».