Lors sa récente visite à la caserne de la Garde nationale de l’Aouina, le président de la République, Kaïs Saïed, ayant constaté des « manquements » dans l’enquête sur le drame de Zarzis, a sommé les responsables sécuritaires « d’accélérer l’enquête en cours ». N’avait-il pas promis lors de sa présence à Djerba, dans le cadre du Sommet de la Francophonie, que la vérité sera bientôt révélée?
Le chef de l’Etat, Kaïs Saïed a d’emblée annoncé la couleur. « Il existe de nombreux témoignages concordants qui pointent un certain nombre de manquements. Outre des circonstances inhabituelles ayant entouré ce douloureux incident dans les opérations migratoires par voie maritime ». C’est donc ce qui ressort d’un communiqué émanant hier jeudi, de la présidence de la République. D’où l’impératif « de faire éclater la vérité, toute la vérité et de tenir pour responsables les personnes impliquées dans ce drame à Zarzis », ajoute la même source.
Ce communiqué fait suite à la visite que le président de la République, Kaïs Saïed, a rendue dans la soirée du mercredi 7 décembre à la caserne de la Garde nationale de l’Aouina. Il y a rencontré un certain nombre de hauts responsables sécuritaires pour les sommer d’accélérer l’enquête en cours sur l’affaire du naufrage d’une embarcation au large de Zarzis survenu fin septembre dernier ».
Enterrements sommaires
En effet, partie de Zarzis, 75 000 habitants, avec à son bord 18 migrants tunisiens originaires de cette ville côtière qui cherchaient à rejoindre clandestinement les côtes italiennes, l’embarcation de fortune a disparu dans la nuit du 20 au 21 septembre. Huit corps, dont plusieurs de Tunisiens ont été retrouvés le 10 octobre par des pêcheurs. Mais douze autres migrants tunisiens sont encore portés disparus.
Sacrilège suprême : certains corps ont été hâtivement enterrés dans le cimetière « Jardin d’Afrique », réservé habituellement aux migrants subsahariens.
Vive émotion à Zarzis. Indignés par le peu d’empressement des autorités locales à rechercher les corps, avec le peu de moyens à leur disposition, les habitants ont déclenché le 18 octobre une grève générale à la demande du syndicat local. Et ce, pour réclamer l’ouverture d’une enquête sur ce naufrage, intensifier les recherches. Enfin pour protester contre un enterrement d’une manière sommaire, dans des conditions douteuses. Afin que les familles puissent offrir à leurs proches une sépulture digne.
En effet, comble de l’horreur, les dépouilles de quatre migrants tunisiens « méconnaissables après des jours de décomposition en mer », selon les autorités locales, avaient été inhumés, « par erreur », sic, dans un cimetière anonyme. Avant d’être finalement déterrés, dans des scènes macabres, identifiés, puis inhumés dans les cimetières familiaux.
Hogra
Le hic dans le drame de Zarzis, c’est qu’aucun membre du gouvernement n’ait daigné faire le déplacement sur place, hormis le délégué et même le gouverneur de Médenine. Pour sa part, Kaïs Saïed, avait exigé mardi 18 octobre, le jour même de la grève générale, « une enquête approfondie » à son ministre de l’Intérieur. « Le devoir exige une étude sur les causes ayant conduit même des enfants à se jeter dans des embarcations désormais connues sous la dénomination d‘embarcations de la mort », a-t-il indiqué.
Une manière de noyer le poisson dans l’eau, comme si les causes de l’immigration clandestine n’étaient pas connues par tout le monde. Et comme s’il fallait par conséquent commander « une étude » de plus sur ce drame humain!
Scénario macabre
Mais que veut-on nous cacher? Comment expliquer ce silence assourdissant et cette chape de plomb qui pèse sur cette étrange affaire? Pourquoi l’opinion publique est tenue à l’écart des circonstances de ce drame qui endeuille encore cette ville côtière? Et ce, en dépit de nombreuses rencontres entre le président de la République, la cheffe du gouvernement, le ministre de la Justice, le ministre de l’Intérieur et le directeur général de la Sûreté nationale. Au cours desquelles le chef de l’Etat n’avait de cesse de souligner « la nécessité de parvenir à éclater toute la vérité sur cette affaire ».
A moins qu’il ne s’agisse, comme l’a susurré dans la soirée du jeudi 8 décembre sur Ettassia, un jeune chroniqueur qui prétend être dans le secret des dieux, d’une affaire en liaison avec un large trafic d’organes humains. Ajoutant ainsi au terrible mystère un épais brouillard!