Il s’agit d’une cascade où la dette publique est passée du simple au double de 2010 (38,8% du PIB) à 2020 (77,8% du PIB) pour caracoler à 82,6% en 2022. La dette publique entraîne alors une dette extérieure (près de la moitié des emprunts de l’Etat). Vient ensuite la difficulté de plus en plus grande d’accéder aux marchés financiers internationaux et de parvenir à un accord avec le FMI. Et voici notre endettement extérieur bilatéral qui atteint 17,8% du total de la dette publique extérieure.
Des données pour la plupart inédites aux yeux de l’opinion publique mais qui se sont multipliées lors du workshop sur la gouvernance de la dette publique en Tunisie organisé le 7 décembre par l’Association pour la réflexion sur le développement économique et social (ARDES) et le Centre international pour l’entreprise privée (CIPE) en Tunisie. De hauts fonctionnaires directement responsables des dossiers qui en relèvent ont apporté de nouveaux éclairages à un sujet « mystérieux » et complexe. Le but ? Une évaluation du degré de transparence de la dette en Tunisie et un examen des pistes d’amélioration à mettre en œuvre pour le renforcer.
Pourquoi Ghazi Boulila, président de l’Association pour la réflexion sur le développement économique et social, et Ali Ayadi, directeur pays du Centre international pour l’entreprise privée, en Tunisie ont organisé ce workshop ? Parce que la dette publique, qui était de 40% il y a une décennie, en est aujourd’hui à 82% et certains disent qu’on va dépasser les 100% ! Et l’encours de la dette extérieure grimpe de 48,3% à plus de 51% actuellement.
Saloua Trabelsi, maître de conférences à l‘École supérieure des sciences économiques et commerciales de Tunis (ESSECT), et Racem Mehdi, enseignant-chercheur à l’ESSECT, ont fait un état des lieux des 6 dimensions de la gouvernance de la dette (juridique, institutionnelle, enregistrement-gestion, qualité des données, reporting et diffusion des données, surveillance).
Lamia Zribi, ancienne ministre des Finances, regrette que nous ayons perdu le fait d’avoir des besoins clairs, des sources identifiées et la coordination ‘technique’ entre départements à propos de la dette. Quant à Habib Haouij, coordinateur des annexes du budget au ministère des Finances, il surprend tout le monde en affirmant : «Nous avons transmis ces travaux à différentes parties ; nous avions voulu que les gens nous communiquent leurs remarques et recommandations. Malheureusement, nous n’avons rien reçu !!!».
Lotfi Dassi, DGA des statistiques, chargé de la balance des paiements à la BCT, relève que le problème le plus apparent de la dette reste le même : une question de conditions financières de sortie sur le marché. Haykal Ghodhbane, directeur des payements extérieurs à la BCT, attire l’attention sur le fait que le système d’information de la dette date depuis ’96, une ancienne base qui fait quasiment tout. Jihane Ayari, directrice des dettes et des actifs extérieurs à la BCT, soutient qu’il y a une parfaite collaboration entre les départements ; avec toutes les infos qui cernent la dette pour signifier que toutes les parties impliquées dans la gouvernance de la dette sont très soigneuses.
Une rencontre qui n’est qu’une première et d’autres sessions vont certainement suivre pour vulgariser un sujet un peu hors de portée du public.