Entre deux avions, le président de la République Kaïs Saïed a effectué dans la soirée du dimanche 11 décembre 2022, une visite inopinée à la délégation d’El Mnihla. Il y constatait amèrement « qu’aucune route n’était pavée, aucune canalisation n’était créée. Pire encore, certains foyers ne possédaient même pas l’eau potable et l’électricité; outre d’autres signes de la pauvreté ». Entre temps, il fustige l’opposition dont la conquête du pouvoir « est l’unique souci ».
Le président prend à nouveau son bâton de pèlerin. Juste la veille de son départ à Washington où le convie le président américain Joe Biden à participer au deuxième sommet Etats-Unis-Afrique. Et après son retour de Ryadh où il participait aux travaux du Sommet sino-arabe. Le président de la République Kaïs Saïed a effectué entre temps, précisément dans la soirée du dimanche 11 décembre 2022, une visite inopinée dans la délégation d’El Mnihla relevant du gouvernorat de l’Ariana. Un quartier populaire qu’il connait bien puisqu’il y élisait domicile avant d’être contraint, pour des motifs sécuritaires, de « s’exiler » au palais de Carthage.
Popularis magistratus
Le Président effectuait-il cette visite surprise pour constater de visu l’état déplorable de ce quartier populaire qu’il connait bien, ayant dans le passé ses habitudes? En effet, auparavant, on le voyait à la télé siroter son capucin ou se faire couper les cheveux chez son coiffeur. Ou, comme disent les mauvaises langues, ce bain de foule nocturne viserait à booster une triste campagne pour le scrutin législatif, atone, sans relief ? Et ce, à quelques jours de la date fatidique du 17 décembre.
A moins qu’il ait voulu démontrer à ses détracteurs, notamment les tristes dirigeants du Front national du salut noyauté par le parti islamiste d’Ennahdha ainsi que le crapuleux ancien assesseur du président du Parlement dissous et conseiller de Rached Ghannouchi, Maher Medhioub, que, face à une « opposition de salon », lui par contre, est proche des petites gens et détient par conséquent la légitimité populaire.
Infamie
Simple coïncidence? Avant le départ du président Kaïs Saïed à Washington, le sieur Maher Medhioub qui vit au Qatar, reproche, dans un billet publié ce lundi 12 décembre 2022 sur sa page FB, « le soutien de l’administration Biden au président tunisien ».
« Dans la vie, comme dans les systèmes politiques, nous sommes soit démocratiques, soit tyranniques. Il n’y a pas de juste milieu (…). Permettez-moi de vous exprimer mon choc, quand je vous vois tendre la main de la paix et une bouée de sauvetage aux tyrans qui ont renversé un système constitutionnel et fermé un parlement élu avec un char militaire », écrit-il. Des propos irresponsables, voire antipatriotiques. Car, quels que soient nos différends politiques, l’on ne tire pas contre son propre camp. Et ce, en traitant un chef de l’Etat, élu démocratiquement, de « tyran »; le tout, à la veille du Sommet afro-américain.
Pour sa part, et en marge de la marche organisée samedi 10 décembre 2022 par le Front de Salut national, à l’occasion de la célébration du 74ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, le FSN a organisé, ce samedi 10 décembre 2022, une marche contre aussi bien le pouvoir en place, le processus du 25 Juillet et les législatives « illégitimes » du 17 décembre.
Ahmed Néjib Chebbi, le nouveau allié d’Ennahdha du FSN a déclaré à Shems FM « que la crise s’aggrave de jour en jour » et que « pour sauver la Tunisie, un nouveau gouvernement compétent doit être mis en place; tout en préparant des élections légitimes ». Soulignant à l’occasion que l’opposition « était en train de se mobiliser, dans ce sens, tant à Tunis la capitale que dans les régions de l’intérieur du pays ».
Kaïs Saïed : l’opposition « n’a fait que vider les caisses de l’Etat »
Alors, la réponse cinglante est arrivée de la part du locataire du palais de Carthage : « Ceux qui se réunissaient aujourd’hui sous la couverture de ce qu’on appelait « opposition » étaient des ennemis en apparence durant les dernières années. Ils protestaient devant les marches du théâtre (municipal NDLR) ou sur sa scène avec un même réalisateur. Chaque jour qui passe démontre que le pouvoir est leur unique souci et que les véritables revendications du peuple tunisien ne les concernent pas. Ils n’ont fait que vider les caisses de l’État; outre leurs alliances, désormais connues avec l’étranger ». C’est ce qu’on peut lire dans un communiqué rendu public par la présidence de la République.
Que faire face à tant de misère?
Loin des appels au boycott de la part de la majorité des partis politiques, du ridicule conflit de prérogatives entre l’ISIE et la HAICA, de certains candidats aux prochaines législatives dont le seul programme consiste à proposer l’amélioration des services de l’ONAS dans leur circonscription, les habitants d’El Mnihla ont d’autres préoccupations qu’ils ont exposées au chef de l’Etat. A savoir, les conditions exécrables de leurs conditions de vie, notamment l’absence des services les plus fondamentaux.
Mais que pouvait faire le Président dans la pratique pour répondre aux doléances de ces damnés de la terre? Et d’abord, en a-t-il les moyens?
« Le chef de l’Etat a pris connaissance des conditions difficiles dans lesquelles vivent les habitants des zones environnantes. Lesquelles ne diffèrent pas de celles vécues dans d’autres régions de la République. Aucune route n’a été pavée, aucune canalisation n’a été créée. Pire encore, certains foyers ne possèdent même pas l’eau potable et l’électricité; outre d’autres signes de la pauvreté ». Ainsi déplore encore le communiqué.
C’est une vérité de La Palice que d’affirmer que nos compatriotes « ont tous le droit à une vie décente ». Mais qu’a fait entre temps l’Etat et le gouvernement Bouden, choisi par Kaïs Saïed, pour assurer à un minima les « services les plus fondamentaux »?