Retentissant scandale au Parlement européen où six eurodéputés, dont la vice-présidente grecque du Parlement, la socialiste Eva Kaili, sont soupçonnés de corruption et de blanchiment d’argent au profit d’un « pays du Golfe ». Le Qatar oppose un net démenti à ces informations « gravement erronées »; alors qu’on parle déjà de Qatargate.
Cette sordide affaire éclate en pleine Coupe du monde de football et également au début d’une session plénière du Parlement européen à Strasbourg. Déjà soupçonné d’avoir influencé le résultat de l’attribution de la Coupe du monde de foot, en versant, d’après le Sunday Times, 880 millions de dollars à la Fifa, le petit émirat gazier serait impliqué dans un retentissant scandale, le Qatargate. Lequel éclabousse le Parlement européen et provoque une onde de choc dans toute l’Europe.
Des accusations gravissimes
En effet, soupçonnés d’avoir favorisé le Qatar dans les décisions économiques et politiques européennes de l’UE en échange de colossaux versements financiers, six parlementaires ont été arrêtés, dont la vice-présidente grecque du Parlement, la socialiste Eva Kaili. Ils sont également soupçonnés par le juge financier belge de « corruption » et de « blanchiment d’argent en bande organisée » au profit d’un « pays du Golfe ».
Ainsi, lors de 16 perquisitions menées récemment par la police dans diverses communes de la capitale belge, environ 600.000 euros en liquide ont été saisis; ainsi que du matériel informatique et des téléphones portables. Des sacs en billet ont été découverts dans l’appartement d’Eva Kaili. Son propre père aurait été surpris en train de transporter 750 mille euros « dans une valise », selon les médias belges.
Payée pour faire le panégyrique du Qatar?
Eva Kaili, 44 ans, est l’un des piliers du Parlement européen. Elle y siège depuis 2014 sous la bannière du groupe Alliance progressiste des socialistes et démocrates. Avant d’être élue en janvier 2022 à l’une des vice-présidences du Parlement.
L’élue socialiste est soupçonnée d’avoir été payée par Doha pour défendre les intérêts de l’émirat qui accueille actuellement le Mondial de football. Sachant que, selon une source judiciaire, elle n’a pas pu bénéficier de son immunité parlementaire, car l’infraction qui lui est reprochée a été constatée « en flagrant délit ».
A-t-elle été soudoyée pour rendre l’image du Qatar plus reluisante, se sont interrogés les enquêteurs belges? Tout porte à le croire. Car en rendant visite à Doha en novembre, et en pleine polémique sur les conditions de vie déplorables des travailleurs étrangers au Qatar, elle avait chaleureusement déclaré, en présence du ministre qatari du Travail : « L’organisation du Mondial par le Qatar témoigne de la « transformation historique d’un pays dont les réformes ont inspiré le monde arabe ». Pis, à son retour à Bruxelles, elle qualifiait ce pays de « chef de file en matière de droit du travail ». Le comble!
En conséquence, elle a été déchue de son poste de vice-présidente du Parlement européen « avec effet immédiat ». De même que le Parti socialiste grec l’excluait et qu’elle était incarcérée après avoir été mise en cause. Tandis que l’eurodéputée grecque assure ignorer la provenance des valises d’argent saisies à son domicile.
« Le lien entre Eva Kaili et la corruption présumée de la part du Qatar ou de tout autre pays ou État du Golfe est totalement irréel. Ma cliente est innocente, elle n’a aucun rapport avec l’argent retrouvé à son domicile. D’ailleurs, elle ne connaissait pas l’existence de cet argent ». C’est ce qu’assurait son avocat grec Michalis Dimitrakopoulos. Alors même que des sacs remplis de billets de banque d’une valeur de 150 000 euros ont été découverts dans son appartement à Bruxelles, selon une source judiciaire belge.
« Seul son compagnon pouvait fournir des réponses sur l’existence de cet argent » assure l’avocat. Sachant que l’Italien Francesco Giorgi, assistant parlementaire et compagnon d’Eva Kaili, fait partie des trois autres personnes écrouées.
Fureur, colère et tristesse
En réaction à ce que la presse qualifie désormais de Qatargate, la présidente maltaise du Parlement européen, Roberta Metsola, a annoncé le lancement d’une enquête interne. Et ce, afin de faire la lumière sur ce qu’il s’est passé. « Il n’y aura pas d’impunité », a-t-elle martelé en exprimant son sentiment de « fureur, colère et tristesse ».
Pour sa part, Joseph Borrell, chef de la diplomatie européenne, juge « très préoccupantes » les « graves accusations » portées contre Eva Kaili. Une affaire « honteuse et intolérable », a déploré Paolo Gentiloni, Commissaire européen aux Affaires économiques.
Démenti qatari
Doha a démenti être impliqué dans des tentatives de corruption et encore moins de Qatargate. « Toute allégation de mauvaise conduite de la part de l’État du Qatar relève d’informations gravement erronées », a affirmé un responsable du gouvernement qatari.
Affaire à suivre.