L’OMS Organisation mondiale de la Santé a fait savoir que le changement climatique a contribué à des épidémies « sans précédent » de choléra. Soit les plus importantes et les plus meurtrières dans le monde cette année.
Selon le responsable de l’OMS, Philippe Barboza, « il y a une menace (de choléra) à travers le monde ». C’est ce qu’il déclare, lors d’une vidéoconférence, à Genève.
En effet, les données disponibles suggèrent qu’environ 30 pays signalent des infections. Contre une moyenne de moins de 20 pays signalant des infections au cours des cinq dernières années.
« Il y a plus d’épidémies de choléra, et elles sont plus importantes et plus mortelles. Cela n’a jamais été vu auparavant ». C’est également ce que constate M. Barboza. Celui-ci dirige l’équipe de l’OMS sur le choléra et les maladies diarrhéiques épidémiques.
Puis il ajoute : « Les cas de choléra et les décès ont régulièrement diminué ces dernières années. Pourtant, maintenant le nombre d’épidémies augmente. »
M. Barboza explique que tous les « facteurs habituels » jouent un rôle dans l’aggravation de l’épidémie mondiale de choléra en 2022. Et notamment les conflits et les déplacements massifs.
Au-delà de cela, on note les « impacts très clairs » du changement climatique.
« Ce qui complique la situation est le fait que la plupart des épidémies plus importantes se sont produites en même temps. Ce qui est un effet direct de l’augmentation des préoccupations climatiques défavorables », relève-t-il.
L’expert de l’OMS sur le choléra a déclaré que la crise du choléra se déroulait dans la Corne de l’Afrique et au Sahel. Elle s’accompagne « d’inondations massives, de moussons sans précédent et de cyclones successifs ».
Les inondations au Pakistan sur le devant de la scène
De nombreux autres pays sont également touchés, notamment Haïti, le Liban, le Malawi et la Syrie. Lesquels ont connu d’importantes épidémies de choléra.
Au Pakistan, qui n’a enregistré que des cas sporadiques de choléra les années précédentes, plus d’un demi-million de cas de diarrhée aqueuse ont été signalés cette année, à la suite des inondations dévastatrices de cet été. Mais « moins de quelques milliers » ont été confirmés en laboratoire.
Conformément à la réponse d’urgence de l’OMS à l’épidémie de choléra au Liban, les premiers kits de choléra (médicaments et fournitures) sont arrivés dans le pays en provenance du Centre OMS de Dubaï. Et ce, pour aider le ministère de la Santé publique à contrôler l’épidémie.
La Niña aggrave l’épidémie
L’évaluation de l’OMS selon laquelle la situation « ne devrait pas s’améliorer rapidement » en 2023 est également inquiétante. Car les météorologues prévoient que le phénomène climatique La Niña pourrait persister pour la troisième année consécutive.
Les aléas naturels associés à La Niña sont la sécheresse et les précipitations prolongées; ainsi que l’augmentation des cyclones. « Nous verrons donc probablement quelque chose de similaire à ce que nous avons vu au début de 2022 », affirme M. Barboza. Ajoutant que les régions les plus durement touchées pourraient se trouver en Afrique orientale et australe, dans les Caraïbes et en Asie.
Maladie de la pauvreté
Selon l’OMS, il y a entre 1,3 et 4 millions de cas de choléra dans le monde chaque année, avec 21 000 à 143 000 décès. Le choléra est une infection diarrhéique aiguë causée par l’ingestion ou la consommation d’aliments ou d’eau douce contaminés par Vibrio cholerae.
« Il est clair que le choléra est une maladie des pauvres et des vulnérables », souligne M. Barboza. « Dans tous les pays, les populations les plus vulnérables sont les plus à risque. Simplement parce qu’elles n’ont pas accès à l’eau potable et à l’assainissement de base ».