La part du secteur informel non agricole dans le PIB (non agricole) est passée de 30,7 % en 2017 à 28,5 % en 2020. Ce taux est de 35,2 % si on inclut la valeur ajoutée du secteur agricole. La dimension âge de l’informel en Tunisie montre que plus de 80 % des actifs de la tranche d’âge 15-19 ans commencent leur vie professionnelle dans l’informel.
C’est ce qui ressort des résultats d’une étude sur l’économie informelle, élaborée courant 2022 par Nidhal Bencheikh, économiste, pour le compte du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et de l’Organisation Internationale du Travail. Selon les résultats de cette étude, la valeur ajoutée brute des unités de production informelles non enregistrées est située aux alentours de 16,9 milliards de dinars. Les estimations quant au manque à gagner minimal dû au travail informel salarié tablent sur un total des impôts et taxes à payer de 282,8 millions de dinars.
Les estimations du manque à gagner de la CNSS pour l’année 2022, selon trois scénarios (20 %, 50 % et 100 %), montrent que si on formalise 50 % des actifs dans l’informel, le manque à gagner est environ 66 % du déficit de la CNSS et 19,1 % des recettes techniques de cette caisse sociale.
En appliquant un taux d’imposition de seulement de 3%, le manque à gagner fiscal en rapport avec l’existence des activités souterraines, à fortiori non enregistrées, atteindrait 1500 millions de dinars.
Priorités et recommandations
« L’informalité dans l’économie tunisienne est l’un des défis du gouvernement tunisien. Nous ne disposons pas de statistiques fiables sur l’économie informelle en Tunisie ». C’est qu’a fait savoir Samir Saied, ministre de l’Economie et de la planification à l’ouverture de l’atelier.
Pour lutter contre l’informel, le ministre souligné que les priorités du gouvernement se focalisent notamment sur le cadre fiscal, la réglementation du marché du travail, le système de sécurité sociale, l’inclusion financière et le cadre institutionnel de l’investissement.
Pour la formalisation du secteur informel, l’auteur de l’étude a recommandé notamment de publier les textes d’application du régime de l’autoentrepreneur. Et ce afin de limiter les interstices fiscaux et éviter la migration de franges de forfaitaires vers régime.
Il a aussi recommandé d’adopter des critères d »éligibilité au régime plus restrictifs. Et ce afin de limiter le nombre de bénéficiaires du régime forfaitaires.