Si nous combinons les chiffres de l’APII et l’APIA, nous constatons que les intentions d’investissements dans l’agriculture, l’industrie et les services totalisent, jusqu’à fin novembre 2022, 3 261 MTND. Ces montants englobent les investissements étrangers.
A cela, il faut ajouter les investissements directs étrangers en portefeuilles (5,6 MTND jusqu’à fin septembre 2022). Ainsi que les dépenses publiques qui sont de 3 698 MTND pour l’ensemble de l’exercice 2022. En tout, nous allons terminer l’année avec une enveloppe totale aux alentours de 7 milliards de dinars.
Une économie à moteurs défaillants
Ce chiffre reste approximatif. Car c’est la Formation Brute de Capital Fixe qui va nous donner le volume réel des investissements. Mais dans tous les cas, le chiffre final restera modeste par rapport aux besoins d’un pays qui cherche un rythme de croisière. Il permet à peine d’atteindre une croissance de 3 %. Il convient de doubler, voire tripler ce montant pour créer de l’emploi. Pour rappel, le nombre des actifs a diminué depuis le début de l’année de 88 700; malgré tous ces investissements entrepris.
Il y a des problèmes structurels en Tunisie qui freinent l’investissement. Qu’est ce que nous pouvons faire pour relancer la machine avec tous nos handicaps connus? Il faut être pragmatique. L’infrastructure ne pourra pas être révolutionnée en quelques années. Les flux d’investissements étrangers resteront faibles. De même, le déficit commercial va s’élargir et les taux d’intérêt seront toujours élevés. Alors que nous sommes dans l’urgence. Il existe une recette, simple, qui permet de faire beaucoup mieux avec l’existant.
Révolutionner la réglementation
Tout passe par la réglementation. Il est temps d’éliminer toutes les autorisations à l’exception de celles relatives à des activités sensibles à la sécurité nationale. Il y a des efforts qui ont été fournis et il convient de les éliminer une fois pour toute. Même le code de l’investissement est à supprimer, car la liberté d’entreprendre doit être le principe.
Il faudra démolir les monopoles réglementés et de fait, en ouvrant les secteurs aux investisseurs locaux et étrangers. Un secteur comme l’énergie est aujourd’hui la locomotive de la transformation économique du monde; alors que la présence d’un distributeur unique est bloquante. Nous comprenons les soucis des autorités et du syndicat quant au sort de centaines de milliers d’agents qui seraient renvoyés chez eux en cas de privatisation. Toutefois, il vaut mieux prendre les choses en main dès maintenant. Plutôt que de gérer une cascade de problèmes, imposés par les évolutions technologiques dans un futur proche.
Par ailleurs, certains textes sont à promulguer, comme le code de change. En réalité, la situation de la balance des paiements ne permet pas d’autoriser aux Tunisiens d’avoir des comptes en devises. Cependant, il faudra renforcer les droits des opérateurs économiques et faciliter leurs transactions.
Le cadre fiscal est à simplifier et, surtout, à stabiliser. Il suffit de donner cette mission aux experts comptables pour qu’ils le transforment sans mettre en péril les recettes de l’Etat.
Des actes de bonne intention
En parallèle, relancer les amnisties fiscales et sociales sera vu d’un bon œil. C’est une opportunité à donner à tous les acteurs pour régulariser définitivement leurs situations. Les résultats de 2022 sont satisfaisants. Mais il reste encore des centaines de milliers d’opérateurs économiques qui n’ont pas pu le faire.
En outre, la révision des mesures administratives doit être une priorité. Ce n’est plus acceptable de fournir autant de pièces administratives et de faire des va-et-vient entre les établissements publics pour des opérations qui peuvent être digitalisées ou, tout simplement, annulées. Lors de la crise sanitaire, nous avons pu réaliser des avancées que personne ne pensait que le pays pouvait accomplir en si peu de temps. C’est donc une question de volonté. Cela permettra de mettre fin à la corruption. Tout en donnant un coup de pouce dans les différents classements internationaux relatifs aux affaires. Le pays a besoin de marketing.
Enfin, la mise à niveau de la gouvernance des entreprises publiques est requise. Un nouveau cadre réglementaire figure déjà parmi les réformes présentées au FMI et il faut maintenant le promulguer.
Toutes ces réformes ne coûteront rien à l’Etat. Cependant, elles transformeront la dynamique économique du pays. Même avec des avec des taux élevés et de l’inflation, on aura de l’investissement et de la bonne croissance.