En Allemagne, le gouvernement a annoncé officiellement hier le plan de nationalisation d’Uniper, élargissant l’intervention de l’État dans le secteur de l’énergie en choisissant de renflouer effectivement le plus grand importateur de gaz naturel russe du pays.
L’accord élaboré de l’Allemagne en septembre dernier, s’appuie sur un paquet initial convenu en juillet qui comprend une augmentation de capital de 8 milliards d’euros, financée par l’Allemagne, et porte la facture totale pour les contribuables à 29 milliards d’euros.
Les ministères allemands des finances et de l’économie ont annoncé hier que le gouvernement détenait désormais une participation d’environ 99 % dans l’entreprise, après que le comité exécutif de l’UE a donné son approbation conditionnelle hier et tandis que les actionnaires d’Uniper ont approuvé lundi les mesures,
La société était jusqu’à présent contrôlée par Fortum, basée en Finlande, dont le gouvernement détient la plus grande participation dans Fortum. Avant la guerre russo-ukrainienne, la société achetait environ la moitié de son gaz à la Russie, qui a commencé à réduire ses livraisons à l’Allemagne en juin et n’a plus fourni de gaz au pays depuis fin août.
Uniper a engagé des coûts énormes après avoir été contraint d’acheter du gaz naturel à des prix du marché beaucoup plus élevés pour respecter ses obligations contractuelles d’approvisionnement. Le mois dernier, il a déclaré qu’il avait lancé une procédure pour demander une indemnisation au russe Gazprom devant un tribunal d’arbitrage international à Stockholm.
Uniper : gilet de sauvetage avec… bourrelet
La « bouée de sauvetage » porte le montant total jusqu’ici alloué par l’Etat allemand à la survie des 3 plus grands importateurs de gaz naturel – Uniper, VNG, Sef (tous privés) – à au moins 40 milliards d’euros.
La nationalisation-renflouement d’Uniper intervient après que Berlin a décidé de reprendre la filiale de l’énergéticien russe Rosneft Deutschland, qui contrôle l’une des raffineries les plus importantes du pays, PCK en Suède, dans le Brandebourg. Ces mesures sont un coup spectaculaire pour l’establishment politique allemand, qui apprécie depuis des années de confier le secteur de l’énergie aux particuliers et aux forces du marché. Ce modèle s’est effondré comme une tour de papier avec la « première courbe », en l’occurrence la rupture de l’U.E. avec la Russie.
La nationalisation d’Uniper a été pleinement soutenue par le ministre des Finances Christian Lindner issu des libéraux, trahissant les principes économiques qu’il prône et ses électeurs. C’était « absolument nécessaire » en raison de la « situation de crise » dans laquelle nous nous trouvons, a-t-il clamé.