Lors de son passage hier à la Matinale de Mariem Belkhadi, Fadhel Abdelkefi, le président d’Afek Tounes se dit harcelé par le pouvoir en place en sa qualité d’opposant politique. Il profite de l’occasion pour évoquer le fiasco du scrutin législatif du 17 décembre. Tout en appelant le président de la République à en tirer les leçons. Le réquisitoire est implacable, mais le ton reste courtois et mesuré.
« Je suis harcelé et terrorisé par le pouvoir en place en tant qu’opposant ». C’est ce qu’affirmait, hier jeudi, Fadhel Abdelkefi, le président d’Afek Tounes. En précisant que son dossier, où il est accusé de complot contre la sûreté de l’Etat, est actuellement devant la justice militaire.
« On ne peut m’accuser de complot contre la sûreté de l’État pour avoir simplement répondu à un message sur WhatsApp ». Ainsi a-t-il fait observer lors de son passage hier jeudi à la Matinale de Shems FM. « La vérité, c’est qu’en tant qu’opposant, je suis devenu gênant. Parce je critique et propose des solutions techniques et pratiques; au lieu tout de m’embourber dans des théories stériles ». A qui fait-il allusion? Suivez mon regard!
Fadhel Abdelkefi crie au harcèlement
Pour rappel, M. Abdelkefi, ainsi que des personnalités politiques, médiatiques et des hommes d’affaires, figurent dans la mystérieuse liste fuitée des 25 personnes accusées d’ « atteinte à la sûreté extérieure de l’État, offense contre le chef de l’État, complot formé dans le but de commettre l’un des attentats contre la sûreté intérieure de l’État, entente établie dans le but de préparer ou de commettre un attentat contre les personnes ou les propriétés ou encore faux et usage de faux ». Les accusés encourent jusqu’à la peine capitale, c’est dire la gravité des charges.
« Je tiens à informer tout le monde que je n’ai rien à voir avec tout ce qui a été dit ou cité dans cette affaire. Je n’ai pas conspiré et je ne conspirerai jamais contre la sécurité de mon pays, sa réputation ou le prestige de ses responsables. Impliquer mon nom dans cette affaire n’est qu’une tentative d’exagérer son impact et sa portée médiatique, à un moment où le buzz est devenu un sport national ». Ainsi réagissait le président d’Afek Tounes, dans un post partagé le 2 décembre sur les réseaux sociaux.
« Il s’agit bien d’une journée historique » !
Dans un autre volet, invité jeudi 22 décembre 2022 dans la Matinale de Mariem Belkhadi, l’ancien ministre des Finances au gouvernement Youssef Chahed est revenu sur le scrutin législatif du 17 décembre. Pour souligner que le chef de l’Etat était le premier à avoir rompu le silence électoral. Et ce, le jour même du vote, lorsque qu’il déclarait que c’était une journée historique. « Effectivement, il s’agit bien d’une une journée historique; d’autant plus que l’abstention avait atteint 90 % », ironise-t-il.
N’est pas de Gaulle qui veut
« En boycottant les législatives, les Tunisiens ont adressé un message non équivoque à Kaïs Saïed. Lui signifiant, à travers le boycott du peuple et son refus du processus actuel, leur rejet de son projet de construction démocratique par la base », affirme-t-il.
Et de souligner avec force : « Les urnes doivent être l’arbitre final. Conformément aux dispositions de la Constitution de la Troisième République, il convient de respecter les résultats sortis des urnes ».
« Le président de la République évoque souvent de Gaulle dans ses déclarations. Pourtant, de Gaulle a démissionné à la suite d’un revers électoral », rappelle-t-il. Une manière subtile d’inciter le Président à démissionner? Mais, n’est pas de Gaulle qui veut.
Déni de la réalité
D’autre part, il évoque « une possible faillite de l’Etat qui se dirige inéluctablement vers une catastrophe économique et sociale ». Ainsi, le petit-fils du cheikh el-islam, feu Mohamed Taher Ben Achour, appelle à la mise en place d’un gouvernement « d’urgence économique » se composant de 15 ministères compétents expérimentés.
Puis, commentant la tardive déclaration du président de la République à l’issue de son entretien le 20 décembre avec la cheffe du gouvernement, Najla Bouden où il a appelé à attendre les résultats du second tour, comme dans un match de football, pour émettre une évaluation objective sur le scrutin législatif, Fadhel Abdelkefi estime que la déclaration présidentielle « n’est qu’un déni de la réalité ». A ses yeux, le taux de participation au second tour serait encore plus faible. Et sa tenue ne serait qu’ « une perte de temps, d’énergie et d’argent pour les Tunisiens ».
D’autant plus que le second tour aura lieu début février et ne prendra fin qu’en avril. « Alors que nos soucis actuels sont axés autour de l’accord avec le FMI, le déficit budgétaire et les pénuries des produits de base », poursuit-il.
Enfin, réitérant son appel pour une élection présidentielle anticipée, l’intervenant considère que vu que le président de la République a été élu conformément aux exigences de la Constitution de 2014, « la moindre des choses dans le cadre de la IIIème République, est le renouvellement de sa légalité ». Ainsi, invite-t-il l’ancien professeur en droit constitutionnel à respecter la nouvelle Constitution conçue, concoctée et écrite de ses propres mains.