L’encours total de la dette extérieure de la Tunisie a atteint environ 132 milliards de dinars en 2021 (environ 41,6 milliards de dollars), selon le dernier rapport de la Banque mondiale (BM) sur l’endettement international « International Dept Report 2022 », rendu public en décembre 2022.
« Un niveau d’endettement alarmant », selon l’économiste Ezzeddine Saidane, qui impute la dégradation des perspectives économique du pays à « la mauvaise gestion de la crise engendrée par la pandémie du Covid-19 et aussi à la guerre entre la Russie et l’Ukraine ».
« C’était une conjoncture exceptionnelle qui a été gérée par une décision politique: le confinement, alors qu’elle nécessitait l’injection d’une liquidité additionnelle pour protéger le tissu économique et les postes d’emploi. Ce qui n’a pas été fait et ça a engendré une stagnation économique et des pertes de milliers d’entreprises et de postes d’emplois », développe l’économiste.
En l’absence d’une restructuration rapide et des dépenses soutenant la croissance, le gouvernement tunisien fait face , désormais, à une crise budgétaire, pour laquelle la loi de finances 2023 n’y peut rien, selon Saidane, car elle n’est qu’une « loi de fiscalité et d’endettement ».
Un budget devrait être un outil de relance économique
Concernant le budget de l’Etat 2023, l’économiste le trouve « dépourvu d’esprit et d’effet économique », rappelant qu’un budget devrait être un outil de relance économique « ce qui n’est pas le cas » pour ce budget.
L’économiste fait état d’une « explosion du budget », parce que son volume n’a pas augmenté de seulement 14,5% par rapport à 2022, mais plutôt de 32% ». Le chiffre de 14,5% a été avancé sur la base d’une comparaison erronée entre un volume de budget initial et un volume de budget complémentaire. Alors que la comparaison doit se faire entre deux volumes de budget initiaux.
Dans une conjoncture mondiale difficile marquée, selon la Banque mondiale par « l’un des épisodes de resserrement des politiques monétaires et budgétaires les plus simultanées au niveau international que le monde ait connu depuis 50 ans », les risques d’aggravation de la crise économique et budgétaire en Tunisie s’amplifient. Alors que pour Ezzeddine Saidane, il y’a encore de l’espoir et « le sauvetage est encore possible à condition que les décideurs soient armés de volonté et de patriotisme ».
De l’avis de l’économiste, « la seule solution consiste à arrêter l’hémorragie d’abord en revoyant le modèle de dépenses de l’état et en engageant le pays dans une vaste opération de sauvetage de l’économie ».
La Tunisie n’est pas le seul pays à voir son taux de dette extérieure augmenter
Par ailleurs, la Tunisie n’est pas le seul pays à voir son taux de dette extérieure augmenter, tous les pays à revenu faible et intermédiaire ont connu une hausse de leur dette extérieure totale des secteurs public et privé, pour atteindre 9,3 milliards de dollars en 2021, contre 8,6 milliards de dollars en 2020, selon le rapport de la Banque mondiale. Un groupe de 69 pays à revenu faible et intermédiaire effectuera cette année des paiements de 62 milliards de dollars sur la dette publique, soit une augmentation de 35% par rapport à 2021.
Les paiements pour 2023 et 2024 resteront élevés, a averti la Banque mondiale. Et ce en raison des taux d’intérêt élevés, d’un grand nombre d’échéances obligataires et parce que les pays ont dû commencer à compenser le service de la dette qui a été reporté pendant la pandémie.
Toujours d’après le rapport de la Banque Mondiale, la dette publique a atteint des niveaux record pendant la pandémie, tant dans les économies avancées que dans les pays à revenu faible ou intermédiaire (la Tunisie est classée parmi les pays à revenu intermédiaire dans la tranche inférieure au cours de l’année 2022, selon les classifications de la Banque mondiale).
Avec TAP
132 milliards de dinars équivaut malheureusement 42 milliards de dollars, et non pas 41,1 millions de dollars.