Vous vous rappelez de la fameuse phrase lancée par une défunte journaliste contre Ben Ali en pleine puissance politique et sécuritaire, « la peur a changé de camp » ? Evidement, à l’époque ce n’était qu’un slogan, car jusqu’au dernier jour de son règne, Ben Ali n’avait aucunement peur! Il l’a payé très cher d’ailleurs, car la peur est le meilleur système psychologique que la nature a inventé pour protéger les êtres vivants. C’est un système d’alerte dont sont dotés les êtres vivants pour échapper à un danger imminent. Ces derniers jours, pouvoir et opposition jouent à se faire peur! Des menaces pleuvent contre KS et tous ceux qui le soutiennent ou font semblant.
Rached Ghannouchi, qui veut nous faire croire qu’il n’a pas peur chaque fois qu’un juge d’instruction le convoque. Et lorsqu’il sort souvent du bureau de ce dernier, il brandit le V de la victoire. Il vit en réalité une terrible trouille de se voir passer le reste de sa vie en prison. C’est exactement ce que cherchent ses ennemis invisibles. « Provoquer la frousse chez le loup est mieux que de le tuer », dit un proverbe tunisien. Une sagesse ancestrale.
Kaïs le héros qui n’a pas peur
Il alla même parfois dans ses discours enflammés, jusqu’à déclarer qu’il n’a pas peur de la mort, car il défend la cause juste d’un peuple. En faisant allusion à de supposées tentatives d’assassinat, contre sa personne. Des enquêtes ont été ouvertes depuis, sans que cela n’aboutisse à des révélations ou des arrestations. A force de crier au loup, (encore le loup) plus personne n’y croit! Mais cela ne veut absolument pas dire que le loup n’existe pas. L’histoire et la science démontrent que c’est juste au moment où l’on ne croit plus à son existence que le danger peut surgir. Prions Dieu que cela n’arrive pas dans notre pays, qui a toujours su éviter le pire.
Mais c’est aussi Kaïs Saïed lui-même qui n’a pas cessé depuis son accès au pouvoir de menacer ses ennemis de châtiments exemplaires. Sauf qu’il ne les a jamais explicitement nommés. Une constante chez lui! Il usait même à maintes reprises de langage guerrier, comme « les plateaux lance-missiles »; ou même de lexique coranique comme « al-rajimet », sorte de boules de feu anti jinns que Dieu utilise pour anéantir ces êtres malfaisants et que certains versets du livre saint évoquent. C’est le côté culture classique du locataire de Carthage, comme il aime s’en servir. Mais est-ce uniquement ses envolées lyriques qui le poussent à user de tels métaphores ou tout simplement pour cultiver la peur chez ses adversaires?
Ennhadha dans le viseur
Le calvaire que vivent actuellement tous les dirigeants d’Ennahdha, et les graves accusations qui leur sont lancées par les juges d’instruction, prouvent que les envolées lyriques de KS, connaissent leurs chemins d’exécution. Alors, à tort ou a raison, laissons à la justice ce qui est à la justice. Mais contrairement aux allégations des autres adversaires de KS, qui prétendent qu’il ne sévira jamais contre les islamistes, les faits sont là. Et ils prouvent que la guerre entre les deux parties est bien engagée. Ainsi, ne pas le reconnaître c’est bien faire preuve de mauvaise foi.
Tout le pays vit depuis 2011 une paranoïa générale que des « révolutionnaires » à la petite semaine ont déclenchée pour terroriser les azlems, partisans de l’ancien régime. Le flambeau de la terreur fût repris ensuite par les islamistes. Surtout après leur prise du pouvoir (par les urnes) qui ont transformé les menaces pour faire peur en un racket généralisé visant les hommes d’affaires particulièrement. A moins que ces derniers ne fassent une visite à la maison d’Abu Soufiane. Tout le monde sait qui est Abu Soufiane et aussi qui est muawiya. Suivez mon regard! La preuve? Tous les deux sont actuellement convoqués par les juges d’instruction, entre autres pour des financements occultes!
Les menaces rapportent gros
Toujours est-t-il que les menaces rapportent gros parfois. Ce qui signifie que l’utilisation de la peur est une arme efficace.
Kaïs Saïed, quant à lui, ne s’en cache pas et le revendique comme Robespierre, au nom, non seulement de la « Révolution », mais c’est parce que « le peuple le veut ». Il est allé jusqu’à menacer ses adversaires dans la tanière même de leurs supposés protecteurs, à la Maison Blanche. Et ce, en évoquant ceux qui complotent et utilisent l’argent sale pour le discréditer lui, ainsi que le processus politique qu’il a engagé depuis le 25 juillet 2021. A l’évidence il fait allusion à la boite de lobbying, qui a travaillé pour Ennahdha et dont l’affaire est aux mains de la justice. Il est même allé jusqu’à rencontre un des sénateurs touchés vraisemblablement par la grâce de cette boite, qui du reste ne fait qu’appliquer les lois américaines.
Mais Kaïs Saïed s’évertue aussi à montrer à ses ennemis qu’il n’a nullement peur. Des visites inopinées dans des endroits populaires, entouré il est vraie par sa garde prétorienne, mais, qui portent un double message. D’abord qu’il n’a pas peur, ensuite qu’il est toujours aussi populaire qu’avant. Sauf que le dernier scrutin prouve l’érosion catastrophique de sa popularité.
Cette attitude est évidement dictée par un défi permanent à ses adversaires, qui depuis son coup de force, ne cessent de le menacer publiquement.
Tout le monde bluffe tout le monde
La dernière menace en date après le scrutin, vient de Rached Ghannouchi en personne, qui a tout simplement déclaré que Kaïs Saïed ne durera pas et qu’il compte, lui et son Front du salut, sévir contre tous ceux qui le soutiennent et travaillent pour lui. Une façon de faire peur aux soutiens de KS, afin de faire le vide autour de lui et donc l’isoler d’avantage. Ce qui est curieux, c’est que Rached Ghannouchi parle comme s’il va revenir au pouvoir et qu’il va demander des comptes, via certainement la justice, aux hommes et femmes de KS. Autant dire pour tous les responsables de l’Etat. Evidemment c’est un coup de bluff! Car Ghannouchi est définitivement fini ainsi que tous les tenants de l’islam politique, avec ou sans Kaïs Saïed!
Le plus grand bluff de l’histoire
Depuis la « révolution », le coup de bluff est devenu l’arme favorite des femmes et hommes politiques. L’objectif du bluff est de tromper l’adversaire pour lui imposer ses conditions. Le grand bluff fût évidement lorsqu’on décréta qu’il y a eu une révolution; alors que ce n’était qu’un simple coup d’Etat. Le peuple a cru à ce bluff et depuis, les politiciens ont compris qu’on peut bluffer ce peuple à loisir et s’y sont donnés à cœur de joie.
Rappelez vous du fameux Bhri, de Slim Riahi, de Hachmi Hamdi et autres grands bluffeurs devant l’éternel. Ils ont eu tous leurs doses de popularité et ont prétendu transformer la Tunisie en la Suisse du Monde arabe! Le grand bluff de BCE fût de faire croire aux Tunisiens qu’il se présente pour chasser les islamistes du pouvoir et l’on sait ce qu’il a fait une fois à Carthage!
Mais le plus grand bluff de toute l’histoire ancienne et récente fût le programme de KS pour se faire élire. Seul le peuple décide! Plus de 72 % des électeurs lui ont accordé leurs voix. Le résultat : seul Kaïs Saïed décide, parce qu’il s’est octroyé touts les pouvoirs. Bluffer fait donc partie du jeu politique chez nous et tout le monde en use sauf que certains en abusent.
« Chez nous tout le monde triche »
Faire peur à l’adversaire ou au concurrent, pour le désarçonner est certainement tiré du jeu du poker. Il y a aussi le poker-menteur, mais il y a aussi les tricheurs.
En politique, chez nous tout le monde triche et pas seulement aux élections. Comme de prétendre que les plus de 90 % des électeurs qui ont boudé les urnes ce 17 décembre 202 l’ont fait pour répondre à l’appel au boycott lancé par les différentes oppositions. Ils trichent en s’accaparant la paternité des voix qui ne sont pas les leurs. Même si l’ISIE elle-même ne peut être soupçonnée d’impartialité puisqu’en quelques heures, on a vu le taux de participation grimper de 3 %. Mystère de la démocratie révolutionnaire!
En terme de faire peur et de menacer, on ne peut pas faire mieux que Abir Moussi. Puisque ses menaces sont adressées carrément aux Américains, aux Européens et aux Français. Même Poutine n’a pas osé encore le faire. On les voit déjà trembler! Tout cela pour dire que les menaces font partie du discours politique parce qu’à force de ne pas pouvoir convaincre, on menace et on joue à faire peur. On le sait les menaces sont l’arme des faibles, car les forts ne menacent pas, ils triomphent!