La Troïka, qui se compose provisoirement de l’UGTT, de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme et du Conseil de l’Ordre des avocats, évoluera-t-elle vers un Quartet? Lequel, en 2014, à travers le Dialogue national, évita à notre pays une terrible guerre civile. L’espoir est permis.
Dans les coulisses, nous assistons à la fin de cette année qui fait ses adieux, aux balbutiements discrets de la naissance d’une initiative de dialogue national. Et ce, pour aider notre pays à sortir du cercle vicieux d’une impasse politique doublée d’une crise socio-économique sans précédent. S’agit-il d’un remaque du dialogue mené en 2014 par le Quartet? Lequel sauva la Tunisie d’un terrible bain de sang et qui fut couronné par le Prix Nobel de la Paix en 2015.
KS parrainera-t-il le Dialogue national?
Cette initiative, dont nous ne connaissons pas encore les contours, a-t-elle une chance de réussir? Là où les deux appels au dialogue national lancés par Noureddine Taboubi avaient été balayés d’un revers de main par Carthage?
Ainsi, le président de la République, d’habitude réticent à dealer avec les corps intermédiaires et les partis politiques et qui avait auparavant qualifié l’initiative du Quartet de « dialogue non patriotique » (sic), acceptera-t-il de chapeauter un Dialogue national? Sachant que cela risque de brouiller l’image de son propre programme personnel censé aboutir à l’instauration du nouveau Parlement taillé sur mesure?
Une opposition balkanisée
Puis, et c’est la question principale, cette nouvelle dynamique comportera-t-elle les partis politiques d’opposition? Verra-t-on alors par magie les principaux acteurs politiques, Abir Moussi, Issam Chebbi, Fadhel Abdelkefi ou encore et Zouhair Maghzaoui, siéger allégrement autour de la même table?
Et que faire du mouvement islamiste Ennahdha et de ses satellites? Faudra-t-il les exclure? Quitte à mettre de côté une composante du microcosme politique en Tunisie?
Avouons que la crise politique dans notre pays est d’une telle complexité, qu’il est difficile d’apercevoir le bout du tunnel. Alors que le Chef de l’Etat est enfermé dans sa bulle et que l’opposition est fragmentée et balkanisée. Laquelle, de surcroit, ne possède pas de solutions concrètes au quotidien de nos compatriotes. Pour autant, toute initiative pour faire sortir notre pays de l’impasse est louable et bienvenue. D’autant plus qu’elle émane des organisations nationales et de la société civile.
Le bâtonnier Hatem Mziou au four et au moulin
Mais, l’originalité de cette démarche consiste en ce que c’est le bâtonnier Hatem Mziou qui aura déclenché cette initiative.
En effet, l’Ordre National des Avocats Tunisiens annonçait que son conseil national, réuni le 24 décembre à Sousse, décidait de « déléguer » le Bâtonnier Hatem Mziou pour lancer une initiative nationale. Celle-ci vise à « aider à surmonter la crise sociale, économique et politique ». Et ce, en coordination « avec les organisations nationales et les composantes de la société civile ».
Dans la foulée, le Bâtonnier, fraîchement élu par ses pairs, annonçait, mardi 27 décembre sur les ondes de Shems FM, qu’une rencontre allait rassembler, le jour même, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), le Conseil national de l’Ordre des avocats et la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH). Et ce, afin de discuter d’une initiative visant à aider le pays à sortir de la crise.
Cependant, pour quelle raison l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica) a été provisoirement écartée? Alors qu’elle était membre à part entière du Quartet de 2014? Mystère. « L’UTICA n’a pas encore été contactée et on attend sa position sur la loi de finances. D’autant qu’elle comporte de nombreuses dispositions contre les petites et moyennes entreprises (PME) », dixit Hatem Mziou.
Quid de l’Utica et des parties invitées?
Par ailleurs, notons que lors de l’entretien accordé à cette radio locale, le Bâtonnier restait évasif quant aux détails de cette initiative et les parties qui y participeront.
Tout de même, il tenait à préciser que le 25 juillet constituait « une étape importante et un tournant ». Ajoutant que les avocats « étaient aux côtés de notre peuple qui y a dit Oui ».
En ce sens, il poursuivait : « Nous souhaitons que le processus du 25 juillet réussisse à travers un dialogue participatif ». Car, « on ne veut pas que le président de la République soit isolé. Nous voulons d’un Président fédérateur. Pour l’intérêt de la Tunisie ».
En outre, concernant les organisations nationales, le Bâtonnier rappelle leur « rôle national, ayant accompagné le pays à toutes les étapes ». Par conséquent, « elles devront se réunir et parler d’une seule voix, afin d’aider le pays à sortir de cette crise politique, économique et sociale ».
Rappelons dans ce contexte la rencontre, le 23 décembre au siège de l’UGTT, entre le patron de la centrale ouvrière, Noureddine Taboubi, et Hatem Mziou. Très peu d’informations filtraient de cette visite, à part la langue de bois d’usage. Les deux hommes s’engageant au maintien de la coordination dans le but de « sauver le pays de tout dérapage ».
Très peu à se mettre sous la dent donc, à part l’observation de la naissance d’une initiative. Laquelle regroupe les organisations nationales, les partis politiques qui croient aux valeurs de la République et les différentes composantes de la société civile. En attendant, croisons les doigts.