L’économiste Ridha Chkandali considère que ce qui importe en particulier aux Tunisiens en inflation c’est le panier boissons et alimentation. Alors que les prix de l’alimentation augmentent de 14,6 % sur un an, en décembre 2022, selon l’INS. « Le taux d’inflation de 10,1 % ne veut rien dire pour le citoyen tunisien. Car c’est la moyenne de plusieurs paramètres. Ce qui l’importe en premier lieu c’est l’alimentation et les boissons », martèle-t-il.
Ridha Chkandali rappelle dans le même contexte que la facture de l’électricité a enregistré une hausse remarquable; ainsi que le loyer et d’autres paramètres qui ne sont pas inclus dans le taux d’inflation. « Pour cette raison, le taux d’inflation réel en Tunisie n’est pas de l’ordre de 10,1 %. Il le dépasse de loin, notamment avec le rythme des hausses de prix à grande cadence », explique-t-il.
L’économiste fait remarquer que ce taux n’a pas cessé d’augmenter depuis aout 2021. C’est « un fait sans précédent Tunisie depuis 1960. A savoir une hausse continue du taux de l’inflation d’une manière linéaire depuis plus de 18 mois. Généralement l’évolution du taux d’inflation se fait en dent de scie, ce qui n’est pas le cas pour le moment », continue-t-il.
Alors il ne s’agit plus d’une inflation conjoncturelle souligne-t-il. Mais bien d’une inflation structurelle qui s’est attaquée au système de production (pénurie de production, problèmes des agriculteurs). Il indique que l’augmentation du taux directeur ne ressoudera pas le problème de l’inflation.
Par ailleurs, le spécialiste estime qu’il faut s’attendre à de nouvelles augmentations du taux d’inflation. Notamment à cause de plusieurs dispositions de la loi de finances 2023 qui prévoit plusieurs TVA et impôts. De ce fait, l’inclusion de plusieurs secteurs d’activité économique dans le régime réel contribuera à la hausse des prix de ces services. Et par conséquent, l’impact se fera ressentir sur le pouvoir d’achats des Tunisiens. Il qualifie donc la loi de finances 2023 de catastrophique. A cela s’ajoute la levée de la subvention, dans le cadre de la même loi, de 3,2 milliards de dinars en une seule année.
Enfin, commentant la décision du Conseil d’administration de la Banque centrale de Tunisie (BCT), à savoir la révision à la hausse du taux directeur, il estime qu’il s’agit d’une « fausse décision ». « Je ne peux que trouver des excuses au gouverneur de la BCT, car il est accablé par la Loi n° 2016-35 du 25 avril 2016, portant statuts de la Banque centrale de Tunisie. Laquelle ne lui donne que cette mesure pour lutter contre l’inflation par la hausse du taux directeur », conclut-il.