La crise énergétique en Europe causée par la guerre en Ukraine a déjà coûté environ 1 000 milliards de dollars américains, selon les estimations des experts.
Cette estimation du groupe de réflexion économique Bruegel, publiée hier, est basée sur les données du marché. Elle représente une augmentation des coûts énergétiques pour les consommateurs et les entreprises, partiellement compensée par les programmes de soutien gouvernementaux. Les experts du groupe supposent que les prix du gaz augmenteront dans l’année à venir. Les prix de l’énergie en Europe resteront aussi à un niveau élevé dans les années à venir
« La crise énergétique en Europe est considérée comme la pire depuis des décennies. Elle ne fait que commencer », selon les analystes du groupe.
Une fois l’hiver terminé, les stockages de gaz devront être réapprovisionnés. Mais le gaz naturel de Russie arrive à peine en Europe et l’offre mondiale est insuffisante pour répondre à la demande.
La situation ne s’apaisera que lorsque des capacités de production supplémentaires seront disponibles aux États-Unis et au Qatar. Ce qui ne devrait pas être le cas avant 2026. D’ici là, le marché restera tendu et la concurrence pour les méthaniers s’intensifiera. Même des terminaux GNL supplémentaires n’amélioreront pas la situation de manière significative. Les experts supposent que les prix du gaz continueront d’augmenter à nouveau en 2023.
Les prix du gaz vont encore augmenter
Les citoyens de l’UE ne ressentent que partiellement les conséquences de la crise énergétique. Les gouvernements atténuent l’impact avec des programmes d’aide d’une valeur de plusieurs milliards.
Selon le groupe de réflexion économique Bruegel, les gouvernements des pays de l’UE ont jusqu’à présent amorti les conséquences de la crise énergétique avec plus de 660 milliards d’euros. De sorte que les citoyens des pays de l’UE n’en ont ressenti que partiellement les effets.
Cependant, cette situation pourrait durer des années et en raison de la récession et de l’inflation, les plans de sauvetage nécessaires pourraient devenir de moins en moins abordables. Les pays de l’UE financent en grande partie les programmes d’aide par la dette, l’Allemagne devant lever un volume record de 539 milliards d’euros au cours de l’année à venir.
« A elle seule, l’Allemagne assumera un volume record de dette de 539 milliards d’euros en 2023 », a annoncé l’Agence allemande des finances la semaine dernière, notent les analystes. Cela dépasse le précédent record d’endettement de 2021. Lorsque le gouvernement fédéral avait généreusement dépensé de l’argent pour amortir les conséquences de la pandémie de corona et prévu des dettes de 471 milliards d’euros. En 2022, cependant, la nouvelle dette est tombée à 403 milliards d’euros.
En 2023, les pénuries menacent malgré les appels à l’épargne des consommateurs
Malgré les appels lancés aux consommateurs européens pour qu’ils réduisent leur consommation d’énergie, il existe un risque de pénurie au cours de la nouvelle année. Bien que la demande ait chuté de 50 milliards de mètres cubes, une partie de la production industrielle a également dû être arrêtée.
Selon l’Agence internationale de l’énergie, environ 27 milliards de mètres cubes de gaz naturel pourraient manquer si les importations en provenance de Russie tombaient à zéro et que l’économie chinoise reprenait, rapporte l’étude.
Car, les ambitions du Japon et la demande croissante de la Chine pourraient exercer une pression supplémentaire sur le marché du gaz naturel au cours de la nouvelle année. Le Japon était l’an dernier le plus grand importateur mondial de gaz naturel liquéfié (GNL). D’ailleurs, le gouvernement de Tokyo envisage de créer une réserve stratégique.
En outre, les économistes chinois supposent que le pays importera près de 7 % de gaz naturel de plus en 2023 que cette année. Et les entreprises publiques ont déjà commencé à sécuriser les approvisionnements en GNL pour l’année prochaine.
La tendance pourrait donc entraîner une nouvelle hausse des prix de l’essence. Selon les données actuelles, le prix moyen en 2022 était d’environ 135 euros par mégawattheure. S’ils atteignaient 210 euros, la légère récession pourrait se transformer en profonde récession.