Trois raisons peuvent expliquer pourquoi mettre fin aux fonctions de premiers responsables de structures de l’Etat comme le fait l’exécutif depuis quelques jours à rythme répété et en nombre peuvent être préjudiciables.
Les nombreuses décisions de cessation des fonctions de responsables au niveau des structures de l’Etat observés ces derniers jours méritent sans doute réflexion. Dans la mesure où elles peuvent constituer des signes évidents d’une difficile gouvernance de l’exécutif. Trois remarques peuvent être initiées à ce niveau.
D’abord, ces cessations de fonction peuvent signifier, étant donné leur fréquence et leur nombre, qu’il y a quelque part une réelle difficulté à pouvoir choisir, comme on dit, l’homme qu’il faut là où il faut.
Les responsables choisis sont-ils, à ces niveaux, aussi incompétents et inopérants que leur remerciement peut le faire croire ? Ne partagent-ils pas leur échec, si c’est le cas, avec certains de leurs collaborateurs ? Leur inefficacité présumée n’est-elle pas due à des difficultés d’ordre structurel avec lesquels ils n’ont rien à voir ?
Absence de fidélisation
Ensuite, ces cessations ne sont-elles pas de nature à fédérer les compétences. Comment se donner à fond lorsqu’on sait que l’on peut un jour ou l’autre être remercié sans raison apparentes. Et surtout ne plus pouvoir être repêché pour occuper une autre fonction.
Combien sont nombreux ceux qui sont revenus au point de départ après avoir cru gravir un échelon supérieur qui pouvait leur ouvrir du reste de nouvelles perspectives salutaires. Sans oublier que cet état de fait encourage à ne pas prendre des initiatives. Car, comme le disait l’ancien président français Charles De gaulle, ne se trompent que ceux qui font bouger les lignes.
On sait que dans de nombreux pays, l’exécutif veille –afin précisément de la fidéliser- à assurer un bon lendemain à une pépinière de cadres qu’il nomme à de hautes responsabilités. Ces derniers savent qu’ils finissent un jour ou l’autre par être rappelés à d’autres fonctions aussi prometteuses.
Le contraire des objectifs visés
Enfin, l’opinion peut douter de l’impérativité des décisions prises à l’encontre de certains responsables remerciés. Et ce, pour au moins trois raisons :
- Certains ont acquis au cours de leur carrière une bonne image qui les accompagne partout et qui ne peut être facilement gommée.
- On sait que quelquefois des freins et des blocages, souvent structurels, ne permettent pas aux dirigeants d’agir.
- Le déficit de communication, lorsqu’il y a des départs, comme on le voit souvent, suscite toujours des doutes quant aux raisons qui ont conduit à des changements des dirigeants. Comme cela permet à ces derniers de donner libre court à leur seule version des faits.
Autant dire que cela arrive souvent que des décisions de cessation de fonctions peuvent aider à atteindre tout le contraire des objectifs visés.