Le gouvernement français a annoncé hier son intention de refondre son système de retraite. Une refonte potentiellement explosive et pleine de dangers pour le président Emmanuel Macron. Selon un sondage Odoxa, quatre Français sur cinq sont opposés à un départ à la retraite à 64 ans.
Selon la volonté du président Emmanuel Macron, les Français devraient pouvoir prendre leur retraite à partir de 2030 au plus tôt à 64 ans. L’âge de la retraite, actuellement fixé à 62 ans, doit être progressivement relevé à partir de septembre 2023. C’est ce qu’a annoncé mardi soir à Paris la Première ministre de Macron, Élisabeth Borne.
En outre, le gouvernement veut abolir la retraite anticipée généreuse pour certains groupes professionnels. Mais les antécédents professionnels de longue durée en particulier doivent être pris en compte. Les bas salaires en particulier devraient bénéficier de l’augmentation de la pension minimale de 100 euros à environ 1 200 euros par mois.
« Le déséquilibre entre le nombre d’employés et le nombre de retraités va provoquer des déficits financiers qui vont s’accroître d’année en année », affirme Mme Borne. En faisant référence à l’évolution démographique du pays. « Cumuler ces déficits serait irresponsable. » Sans contre-mesures, Paris craint en effet que la caisse de retraite enregistre un déficit de 13,5 milliards d’euros en 2030.
Ainsi, l’âge de la retraite en France devrait augmenter de trois mois chaque année. Au terme du second mandat de Macron mi-2027, il serait de 63 ans et trois mois; puis de 64 ans à la fin de la décennie. Les règles s’appliquent de la même manière aux employés et aux fonctionnaires.
Ainsi, pour bénéficier de la pension complète sans déductions, selon les régimes, les nouveaux retraités doivent avoir au moins 43 ans de cotisations à partir de 2027. Par ailleurs, un certain nombre de catégories professionnelles, comme les salariés de la société des transports parisiens ou les salariés du secteur de l’énergie, devraient devoir renoncer à des droits particuliers de retraite anticipée.
En revanche, le nouvel âge de départ à la retraite ne s’applique pas aux Français qui ont commencé à travailler très tôt. Et ce, suite à la promesse du gouvernement Macron : personne ne devrait avoir à travailler plus de 44 ans. Toute personne qui travaille depuis l’âge de 16 ans peut donc prendre sa retraite à 60 ans. Il existe également des exceptions pour les personnes ayant des activités particulièrement exigeantes physiquement qui ne peuvent plus les faire à un âge avancé.
La décision risque de déclencher une violente réaction
A l’Assemblée nationale, où le gouvernement Macron n’a plus la majorité absolue depuis les élections législatives de l’été dernier. Et déjà le Rassemblement national (RN) de droite et l’alliance de gauche autour du parti La France Insoumise s’opposent aux projets.
Après quelques hésitations, les républicains conservateurs ont finalement signalé qu’ils pouvaient aider le président à obtenir une majorité pour la réforme des retraites. « La situation financière, démographique et économique du pays rend la réforme indispensable ». C’est ce que déclarait pour sa part le chef du parti Eric Ciotti au Journal du dimanche.
Mais cette décision risque de déclencher une violente réaction des syndicats français et du bloc d’opposition de gauche.
Selon les sondages, les Français critiquent les projets de réforme du président. Ils s’inquiètent avant tout du relèvement prévu de l’âge de la retraite. Dans une récente enquête représentative de l’Institut Odaxa pour le diffuseur BFM Business, environ quatre répondants sur cinq rejettent une augmentation de l’âge de la retraite.