Selon les médias locaux, la justice libyenne a décidé hier de suspendre la mise en œuvre de l’accord signé par la ministre libyenne des Affaires étrangères, Neila Mangous, avec son homologue turc, Mevlüt Çavuşoğlu, pour l’exploration et l’extraction d’hydrocarbures dans des zones de la ZEE libyenne, comme prévu par le mémorandum turco-libyen, qui a été signé par le gouvernement de Al-Sarraj.
Ainsi la justice libyenne a suspendu l’accord signé par le gouvernement Sarraj. En outre, après la signature du mémorandum, Mevlüt Çavuşoğlu avait déclaré que « nous avons discuté des étapes vers une solution politique et de nos relations avec le Premier ministre Dabaiba. Nous avons signé des protocoles d’accord dans les domaines des hydrocarbures et du protocole ».
A cet égard, le Conseil de sécurité de l’ONU exprimait indirectement mais clairement son opposition au mémorandum turco-libyen. Citant l’article 6 du Forum pour le dialogue politique en Libye (LPDF), qui ne permet pas au gouvernement intérimaire de signer de tels accords.
La Grèce, l’Egypte et Chypre estiment que cet accord viole leurs droits économiques dans une zone riche en gisements gaziers.
Ainsi, les ministres des Affaires étrangères égyptien et grec jugeaient en octobre dernier « illégal » le mémorandum de prospection d’hydrocarbures en eaux libyennes, signé entre le gouvernement libyen basé à Tripoli et la Turquie. Et ce, trois ans après un accord de délimitation maritime controversé. « Cet accord menace la stabilité et la sécurité en Méditerranée », a estimé le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias.
Risque d’instabilité
Début novembre, un porte-parole du département d’Etat grec a rappelé que le gouvernement de Tripoli devait, sur la base de ses engagements, ne pas signer de nouveaux accords qui perturbent les relations extérieures du pays ou lui imposent des obligations à long terme.
Selon d’autres arguments, l’accord s’appelait un protocole d’accord, mais il s’agit essentiellement d’un accord économique pour le pétrole. Et cet accord viole plusieurs dispositions de la loi pétrolière, principalement le manque d’expérience des entreprises turques dans ce domaine.
En outre, des avocats libyens avaient déposé une demande d’injonction provisoire pour le suspendre immédiatement. Car l’accord « usurpait illégalement la compétence exclusive de la Compagnie pétrolière nationale libyenne (NOC) dans le commerce du pétrole et contient des textes qui nécessitent une interprétation différente, causant de graves dommages qui ne pourront être réparés si la Turquie commence à mettre en œuvre l’accord. »