La grève du transport est certes annulée. Mais, elle est reportée. Et les quelques succès obtenus par et le gouvernement et l’UGTT dans la nuit du 24 au 25 janvier 2023 risquent de paraître bien fragiles.
Une opération gagnant-gagnant. C’est ainsi que l’on pourrait qualifier l’annulation, dans la nuit du 24 au 25 janvier 2023, de la grève des transports (terre, air et mer) des 25 et 26 janvier 2023 décidée par la Fédération du transport de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT).
Côté gouvernement, l’annulation de la grève permet d’éviter une quasi-paralysie de nombreuses activités économiques sans oublier la perturbation des cours à divers niveaux dans les établissements scolaires et universitaires.
Comme le gouvernement pense avoir réussi à donner assez d’arguments pour que la principale centrale du pays accepte de continuer les discussions commencées la veille et avant-veille en vue de la satisfaction des doléances des syndicalistes.
« Côté gouvernement, l’annulation de la grève permet d’éviter une quasi-paralysie de nombreuses activités économiques… »
Pour l’UGTT maintenant, l’annulation de la grève est un signe de responsabilité par lequel elle démontre à l’opinion que la grève « n’est pas une fin en soi », comme l’a dit son secrétaire générale, Nourreddine Taboubi. Et qu’elle est capable de faire des concessions en vue de négocier juste. Avec évidemment la promesse que le gouvernement revoie sa copie. Sinon cela sera la grève de nouveau : celle-ci a été reportée au 15-16 mars 2023. Autant dire que l’UGTT peut toujours actionner une grève de trop pour un gouvernement qui est pris à partie de partout. Ou presque.
Reste que cette annulation ne veut pas dire que les choses ne peuvent pas se compliquer dans les prochains jours. Car, tout est lié. Dans la mesure où de nombreux défis et enjeux attendent un gouvernement qui doit faire face à une crise multiforme et qui risque à tout moment de déraper. Et parmi les grands rendez-vous qui auront une influence certaine sur les relations UGTT-gouvernement deux semblent importants.
D’abord, l’initiative de la centrale syndicale en vue de faire sortir le pays de la crise. Une initiative de laquelle Noureddine Taboubi a dit que le « chef du gouvernement a intérêt à s’asseoir sur la même table » pour en discuter.
Immense et complexe
Ensuite, l’aboutissement des différente réunions entamées par l’UGTT dans les régions et dans les secteurs et qui devraient aboutir, selon Sami Taheri, secrétaire général de la centrale syndicale, dans une déclaration, à Tozeur, fin 2022, à la tenue prochaine de la commission administrative pour décider « des mouvements de protestation sectoriels, nationaux et régionaux qui pourraient aller jusqu’au déclenchement d’une grève générale et de grèves régionales ». Pour dénoncer « la situation catastrophique » et « la crise complexe » que traverse la Tunisie aux niveaux politique, économique et social.
Et pour revenir à l’annulation de la grève des 25 et 26 janvier 2023 et son report au 15 et 16 mars 2023, il faut insister sur le fait que les négociations entre le gouvernement et l’UGTT ne vont pas être dans les prochains jours de tout repos. Parce que principalement harassantes. Et ce, pour au moins deux raisons.
La première tient à l’immensité des questions à évoquer concernant de plus est pour une quinzaine d’entreprises.
La seconde a trait à la sensibilité de thématiques que le gouvernement aura des difficultés quelquefois à répondre pour assurer la restructuration des entreprises du secteur du transport et sa pérennité.