C’est une longue histoire de l’audiovisuel tunisien notamment au cours des premières années de l’indépendance que Mohamed Meherzi a narré, le 26 janvier 2023. Avec souvent des révélations sur une période au cours de laquelle il a côtoyé le premier président de la République, Habib Bourguiba.
Il y avait foule ce jeudi 26 janvier 2023 dans les locaux de la Radio Tunisienne (RT), rue du Koweït, à Tunis. L’occasion? Le studio 9 accueillait une conférence de Mohamed Meherzi, un des pionniers de l’audiovisuel public. Il a notamment été celui qui a présenté le premier journal télévisé en 1966, au démarrage de la télévision publique.
Une conférence, organisée par l’Association des anciens de la radio et télévision publiques, et qui a été un long voyage dans le temps audiovisuel tunisien. Puisque Mohamed Meherzi, aujourd’hui âgé de 89 ans, a commencé à mettre les pieds dans la maison de la radio tunisienne, alors qu’il était encore élève au Collège Sadiki. Et ce, pour animer de courtes émissions à caractère social et religieux. La Tunisie était à ce moment une colonie française et il était membre des scouts islamiques. La Radio Tunisienne était, par ailleurs, située à l’ancienne Place de la monnaie, du côté de la rue des salines, à Tunis.
Un « compagnon de route »
Il intègre, en 1956, à l’indépendance du pays, la Radio Tunisienne, et est affecté, après avoir réussi un concours d’entrée, au service de l’information. Il entame alors une longue carrière de journaliste qui, outre un passage au Bureau des Nations Unies à Tunis, lui permettra notamment de couvrir les activités du Combattant suprême, le premier président de la République, Habib Bourguiba. Il fera, à l’occasion la connaissance de ténors des médias comme Abdelmajid Ben Jeddou et Abdelaziz El Eroui.
Rien d’étonnant dans ces conditions que les deux hommes aient sympathisés. Bourguiba rendra du reste un hommage appuyé à Mohamed Meherzi, en le qualifiant de « compagnon de route », au cours de la dernière rencontre entre les deux hommes, le 3 août 1987, à Monastir au cours de la commémoration du jour anniversaire du président Bourguiba.
« Un journalisme de victoire »
Mohamed Meherzi ne manquera pas au cours de la rencontre de décrire des souvenirs de son travail aux côtés du président Bourguiba. Témoignant, contrairement à ce qui se dit, assure-t-il, de l’attachement du président Bourguiba à la religion musulmane.
Il dira ainsi que ce dernier avait pleuré abondamment en se rendant, lors d’un long périple au Moyen-Orient, en 1965, dans les lieux saints de la Mecque et de Médine. Notamment lors de sa visite du tombeau du prophète Mohamed sala allah alayhi wa salam.
Il indiquera, par ailleurs, que de son temps il n’y avait point de censure. Et que les médias pratiquaient « un journalisme de victoire » au service du pays. Il a témoigné qu’à aucun moment un responsable n’était venu pour lui dire ce qu’il devait dire ou ne pas dire.
Les reportages filmés atterrissaient à El Aouina
La conférence a été aussi l’occasion de raconter dans le détail les préparatifs pour lancer la télévision tunisienne. Et des voyages de Mohamed Meherzi en Italie, en France et en Grande-Bretagne pour mieux s’informer de la réalisation des journaux télévisés. Comme ses contacts avec les journalistes de l’agence Reuters. Les reportages filmés de l’époque arrivaient par avion et atterrissaient chaque jour à l’aéroport d’El Aouina.
Nommé, entre 1970 et 1979, à l’Ambassade de Tunisie à Londres, il avait réussi à tisser des relations cordiales avec nombre de diplomates. Dont un diplomate de l’Ambassade du Qatar. Ce qui a très vite attiré l’attention du président Bourguiba qui l’a nommé, en 1981, ambassadeur à Doha. Et ce, après un bref passage à la Ligue des Etats Arabes qui a alors quitté Le Caire pour s’installer à Tunis.
Suivi par notamment d’anciens responsables de l’audiovisuel public, la conférence aura permis de renouer des contacts anciens et d’apporter un éclairage certain sur le vécu de ce secteur au cours notamment des premières années de l’indépendance du pays.