Les Tunisiens ont-ils participé intensément au vote ce dimanche 29 janvier aux élections législatives du second tour? L’aperçu des convictions des citoyens permet de nous éclairer sur leurs pensées.
Pour comprendre le vote des Tunisiens ce 29 janvier 2023, leconomistemaghrebin.com a interrogé plusieurs personnes, dont Fethi quarantenaire qui a fait savoir qu’il n’a nullement l’intention de voter. Car il estime que tous les politiciens depuis 2011 sont « tous les mêmes ». Tout en soulignant que « rien n’a changé ».
En revanche, Fayçal, 64 ans, souligne pour sa part qu’il a l’intention de voter aujourd’hui. Ses arguments de vote sont multiples. Il déclare à cet effet: « En allant voter, je veux consolider la position de Kaïs Saïed. Car j’ai cru comprendre que si les Tunisiens ne votent pas aujourd’hui, Kaïs Saïed devra organiser une élection présidentielle. Et c’est la raison pour laquelle je compte voter aujourd’hui, même si je vote blanc. Pourquoi ce vote blanc? La réponse est claire : je ne connais aucun candidat de ma circonscription de l’Ariana, mais j’irai pour Kaïs Saïed. En fait, une bonne partie des Tunisiens veulent quelqu’un d’honnête pour les gouverner. »
La situation économique et financière !
Et de poursuivre: « Au delà la situation économique du pays, ce n’est pas la faute de Kaïs Saïed, si nous en sommes là. C’est la responsabilité de ceux qui nous ont gouverné avant et après 2011. Et là je vous avoue une chose : en 2011 et en 2014, j’ai voté Ennahdha, car j’ai cru qu’ils étaient les défenseurs de l’Islam. Aujourd’hui, je me suis résigné à l’idée qu’eux aussi sont comme les autres politicards. Ils cherchent à tout prix à détenir le pouvoir pour dilapider nos richesses. Ce qui m’a poussé à soutenir en 2019 et depuis, Kaïs Saïed pour son honnêteté. »
Avant d’ajouter : « Notre pays n’a pas besoin d’une démocratie imposée par les Européens ou par les Américains qui eux à leur tour, mentent à leur population. Aujourd’hui, ce que nous voulons c’est le vivre-ensemble et non un retour en arrière. »
Pour Karim, quarantenaire, même constat, il soutient le processus électoral de 2022. Tout en soulignant : « J’ai déjà voté au premier tour. Et j’ai voté uniquement et pour la simple raison que le projet de Kaïs Saïed me plaît. Autrement dit, la Constitution de 2022, le mode de scrutin me plaisent assez bien à vrai dire. Du moins, ce monsieur, ne me déplaît pas. Plus encore, même la situation qui a engendré la note souveraine de Moody’s à savoir le Caa2 avec perspectives négatives ne me dérange guère, car il s’agit d’une crise passagère et cela va passer comme toutes les autres crises. »
Ne pas voter pourquoi !
Toutefois, les avis sur le vote ou l’abstention demeurent mitigés. Nazih, 55 ans, n’a pas voté, ni au premier ni au second tour. Pour la simple raison que le candidat de sa circonscription est candidat unique. Il précise dans ce contexte : « De ce fait, il est élu d’office depuis le dépôt de sa candidature. Et malgré cela, je suis harcelé par l’ISIE qui m’envoie systématiquement des messages de vérification du bureau de vote aussi bien au premier tour que d’une façon ridicule au second. Ne serait-ce pas un gaspillage et une mauvaise gouvernance de l’ISIE? Alors que je participe d’habitude à chaque vote depuis 2011, mais cette fois-ci, je ne m’inscris nullement dans ce processus électoral qui une fois de plus est un gaspillage de l’argent public. On aurait pu le mettre à la disposition du Trésor public pour sauver, un tant soit peu, l’économie nationale qui en a fortement besoin à l’heure actuelle. »
Il est à noter qu’à travers le recueillement des témoignages, nous avons tenté de faire participer les femmes pour connaitre leurs avis. Cependant, aucune d’elles n’a voulu répondre. L’absence des témoignages des femmes dans ce reportage pourrait être considéré comme découlant d’une habitude prise par les femmes de se taire ou de ne pas donner leur opinion. Serait-ce lié à un héritage sociétal de ne pas s’intéresser à la politique? A quand les changements de mentalité!