L’économiste Ezzeddine Saidane affirme que la dernière dégradation de la note souveraine de la Tunisie est la dixième successive depuis 2011. Il s’exprimait lors de son intervention sur les ondes radiophoniques de Shems FM, aujourd’hui 30 janvier.
Expliquant la situation et les raisons de la dernière dégradation Caa2 avec perspectives négatives, Ezzeddine Saidane indique que l’échelle de notation de l’agence Moody’s comprend 20 degrés. « Actuellement, la Tunisie est au 18ème degré. Ce qui veut dire que la Tunisie est classée comme un pays à haut risque. Il s’agit ainsi d’un avertissement pour toutes les institutions financières dans tout le monde. Et ce, afin qu’elles comprennent que les transactions et les accords avec la Tunisie comprennent un haut risque », étaye-t-il.
L’intervenant rappelle que Mood’ys classe 111 pays et la Tunisie est au 100ème rang. La note actuelle de la Tunisie est Caa2 avec perspectives négatives. « Perspectives négatives veut dire qu’en absence de réformes majeures dans l’immédiat, le rang de la Tunisie sera encore dégradée au rang du défaut de paiement et la faillite ». Ainsi s’alarme-t-il. Ce rang est celui du Club de Paris, d’après l’expert en économie.
« A cet égard, il faut rappeler que la cheffe du gouvernement a reçu la semaine dernière le directeur général du Trésor français, Emmanuel Moulin et qui est également le président du Club de Paris. Elle le recevait en l’absence de la ministre des Finances, du ministre de l’Economie et du gouverneur de la BCT qui ont participé aux négociations avec le Fonds monétaire international (FMI). Pourquoi cette visite intervient à la veille de la proclamation da la dégradation de la note souveraine de la Tunisie? », relève-t-il encore.
Il affirme qu’en 2022, la Tunisie s’est trouvée face à des obstacles sérieux pour honorer ses dettes internes à savoir face aux banques et aux assurances. Elle s’est donc trouvée dans l’obligation de rééchelonner toutes ces dettes dont certains sont prévues pour 2033. Certaines dettes sont en dinars tunisiens, tandis que d’autres sont en devises.
Répondant à une question qui porte sur les réformes à mettre en place pour éviter le scénario du Club de Paris, Ezzeddine Saïdane rappelle en premier lieu que la méthodologie des agences de notation accorde 50 % au facteur de la stabilité politique dans le pays à évaluer et 50 % pour les autres indicateurs financiers et économiques.
« Toutes les agences de notation considèrent que si la situation politique ne permet pas de mettre en place des réformes, la note est dégradée. Si nous voulons épargner à notre pays la spirale du rééchelonnement de la dette extérieure, il faut mettre en place des instances constitutionnelles opérationnelles et apaiser la situation politique », lance-t-il.
Sur un autre volet, l’économiste regrette que la nouvelle note souveraine de la Tunisie rend difficile l’obtention du crédit du FMI. « Depuis le mois de décembre nous avons dit que le FMI n’a pas reporté l’examen du dossier de la Tunisie mais qu’il l’a rejeté pour des raisons objectives très importantes. Et notamment l’incapacité de la Tunisie à mobiliser les ressources financières nécessaires pour financier le budget de 2023 », conclut Ezzeddine Saidane.