La Banque centrale européenne (BCE) devrait à nouveau relever ses taux d’intérêt jeudi pour continuer à lutter contre l’inflation. Pendant ce temps, il y a de plus en plus de signes que la zone euro pourrait avoir passé le pire du choc économique.
La BCE a lancé le cycle de resserrement monétaire le plus agressif de son histoire. Et ce, après que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait grimper les prix de l’énergie et de l’alimentation dans la zone euro. C’est ce qu’affirme l’hebdomadaire économique américain Barron’s.
Ainsi, la banque centrale a relevé les taux d’intérêt de 2,5 points de pourcentage depuis juillet de l’année dernière; et ce, pour freiner la croissance des prix à la consommation. Sachant que celle-ci culminait à 10,6 % en octobre, plus de cinq fois l’objectif de la banque centrale.
Optimisme prudent
Alors que l’inflation reste élevée, elle a commencé à ralentir. En laissant donc espérer que les efforts de la BCE portent leurs fruits.
D’ailleurs, une vague de données récentes, y compris une enquête clé montrant que l’économie européenne recommence à croître, a même fait naître l’espoir que la zone euro évitera une forte récession.
Mais la présidente de la BCE, Christine Lagarde, soulignait à plusieurs reprises que les taux continueront d’augmenter régulièrement. La banque centrale devrait en plus accepter une hausse de 50 points de base jeudi.
A cet égard, c’est la même hausse de taux que le Conseil des gouverneurs de la BCE relevait lors de sa réunion de décembre. Mais elle est en baisse par rapport aux deux précédentes hausses de 75 points de base.
Pourtant, des données récentes moins pessimistes laissent espérer que la crise d’approvisionnement en gaz vitale pour l’Europe ne déclenchera pas le choc économique tant redouté.
En effet, les gouvernements européens ont mis en place des mesures d’atténuation pour protéger les consommateurs et les entreprises de la flambée des prix. Elles concernent également le remplissage rapide des installations de stockage.
En outre, les prix de gros du gaz naturel ont ralenti. Tandis que les températures hivernales relativement douces signifient que les approvisionnements ne s’épuisent pas aussi rapidement que prévu.
L’indice S&P Global Eurozone Purchasing Managers’ Index (PMI), étroitement surveillé, a dépassé 50 en janvier
Les données étaient un signe de croissance et ont alimenté l’optimisme selon lequel le ralentissement de l’inflation, l’atténuation des problèmes de la chaîne d’approvisionnement et la réouverture de l’économie chinoise pourraient compenser l’impact de la crise russo-ukrainienne.
S’exprimant lors du Forum économique mondial de Davos au début du mois, Mme Lagarde a déclaré que l’économie de la zone euro serait « bien meilleure » qu’on ne le craignait initialement. De même qu’elle estime que « les nouvelles de ces dernières semaines ont été beaucoup plus positives ».
Aux États-Unis, la Réserve fédérale devrait également relever à nouveau ses taux
Comme la BCE, la Fed ralentit son rythme de hausse des taux à mesure que les perspectives économiques s’améliorent. De ce fait, les marchés s’attendent à ce qu’elle réduise à nouveau sa hausse des taux, de 50 points de base à 25 points de base; et ce, à l’issue de sa réunion de cette semaine.
Malgré l’accent mis par la BCE sur le fait de « maintenir le cap » et de ramener l’inflation à son objectif, les décideurs politiques avancent prudemment. Car ils cherchent à resserrer suffisamment, mais pas au point d’aggraver fortement les difficultés économiques dans toute l’Europe.
Au final, la plupart des analystes s’attendent également à ce que la BCE relève les taux d’intérêt de 50 points de base en mars. Mais il y a déjà des signes de débat parmi les décideurs politiques sur le moment de ralentir; alors que l’inflation commence à se calmer.