Le Conseil des ministres marocain a approuvé récemment un projet de loi réglementant la création de sociétés régionales de gestion des services publics dans les villes. Dans le cadre de cette étape, le pays passera du système de délégation de cette mesure aux entreprises privées à un système régional unifié visant à améliorer et développer ces services. En excluant ainsi les entreprises françaises qui géraient ces services dans les grandes villes marocaines, dont la capitale, Rabat, Casablanca et Tanger.
La récente décision gouvernementale va donc conduire à l’exclusion de ces entreprises du secteur à une époque où les relations franco-marocaines oscillent entre froideur et tentative de relance.
Le projet de loi, qui a été approuvé par le Conseil des ministres marocain, prévoit la création de 12 sociétés régionales pluridisciplinaires dans plusieurs régions du pays, chargées de gérer les services de distribution d’eau potable, d’électricité, d’assainissement et de l’éclairage, dans un précédent dans l’histoire du pays. Puisqu’il déléguait auparavant la gestion de ces services à des entreprises et à une agence privée ou semi-publique.
Selon les détails de ce projet préparé par le ministère marocain de l’Intérieur et révélé par la presse locale, une société par actions sera constituée progressivement au niveau de chaque région et à l’initiative de l’Etat, portant le nom de la « Société Régionale Multiservices », chargée de ces prestations par le biais de contrats conclus avec les élus communaux.
Ces sociétés assureront la surveillance de toutes les activités liées à la fourniture de services publics, y compris les aspects commerciaux, industriels, immobiliers et financiers, et la perception des factures et des impôts au profit des conseils municipaux, selon des contrats entre eux.
L’État marocain contribuera au capital de ces entreprises à hauteur de pas moins de 10 %, le reste étant apporté par les institutions publiques et les contractants; ainsi que les municipalités et les investisseurs du secteur privé.
La gestion des entreprises françaises contestée
Les entreprises françaises ont toujours dominé le secteur de la gestion des services publics dans les villes marocaines, en particulier les grandes comme Rabat, Tanger, Casablanca et Tétouan. Ainsi la décision récente signifie leur exclusion de l’exercice de cette fonction, à un moment où les relations franco-marocaines ne sont pas au beau fixe.
Et avant cela, en septembre dernier, un rapport du site marocain « Al-Omq » indiquait qu’un certain nombre de grandes entreprises françaises s’apprêtaient à retirer leurs investissements et à quitter le Maroc, menées par la société « Lydec » en charge de la gestion autorisée d’électricité, d’eau et de désinfection liquide à la fois dans la capitale, Rabat, et dans la ville de Casablanca.
A l’époque, le site marocain laissait entendre que l’intention de Lydec de se retirer du Maroc était liée au projet d’entreprises régionales dans lequel le Royaume s’était engagé. Ceci est confirmé par la récente démarche du gouvernement marocain, en ratifiant le projet de loi de ces sociétés et en donnant ainsi la base légale à leur implantation sur le terrain.
Le Maroc est devenu une destination pour un certain nombre d’investissements
La société Lydec et son homologue Amandis qui gèrent les services des villes de Tanger et de Tétouan, ont suscité le mécontentement marocain et de vives protestations sur leurs performances, qu’il s’agisse de la médiocrité des services que de la facturation élevée. L’une des plus importantes de ces manifestations a été celle qui a eu lieu à Tanger en 2015, dans laquelle la population est sortie pour réclamer le départ de l’entreprise française.
En revanche, les articles de presse marocains n’ont pas établi de lien entre les tensions diplomatiques et le retrait des entreprises françaises du Maroc. Mais ils révèlent certaines des fluctuations des relations économiques entre deux partenaires économiques traditionnels. Et ce, à un moment où le Maroc est devenu une destination pour un certain nombre de nouveaux investissements étrangers en provenance d’autres pays.