Des centaines de milliers de Français de tout le pays sont de nouveau descendus dans la rue mardi pour protester contre le projet du gouvernement de réformer le système controversé des retraites. La première grève nationale avait eu lieu le 19 janvier. Des marches que menaient les chefs des principaux syndicats. Ils déclaraient qu’un demi-million de personnes avaient manifesté dans la capitale française.
À Paris, la marche a été lancée sous la houlette des chefs des syndicats (CFDT, CGT, Syndicat de la main-d’œuvre, Confédération générale des cadres professionnels, Confédération française des Travailleurs Chrétiens, la CNSI, la Confédération Solidarité, la Confédération Syndicale Unifiée). Des personnalités politiques de gauche ont participé également à la manifestation contre la réforme des retraites. Ils ont tous défilé derrière une banderole avec le slogan « réformer le système de retraite : travailler plus longtemps, non ».
Tous saluent une participation supérieure à celle de la première journée de mobilisation du 19 janvier. Et ce, lorsque 1,12 million de personnes descendaient dans la rue, selon les autorités. Alors que les organisateurs confirmaient à l’époque la participation de plus de deux millions de personnes (entre 80 et 400 mille dans la capitale).
Mobilisation massive
Dans les grandes villes du pays, les autorités locales enregistrent également plus de manifestants que le 19 janvier. A Marseille, la province fait état de 40 000 manifestants contre 26 000 le 19 janvier, selon le journal Le Figaro.
Le syndicat représentant les travailleurs des Chemins de fer nationaux français déclarent que 36,5 % des employés de l’entreprise ont participé à la manifestation de mardi.
Ainsi, la circulation des trains a été fortement perturbée. En effet, de nombreux trains ont été supprimés; notamment les trains régionaux et ceux desservant la banlieue parisienne.
Ainsi, mardi, seulement un train à grande vitesse TGV sur trois fonctionnait. De plus, il n’y avait presque pas de trains interurbains. Et seulement deux trains régionaux sur dix assuraient leur trajet.
En outre, les travailleurs d’EDF, la plus grande compagnie d’électricité française, ont aussi poursuivi leur grève. La direction du groupe indique que le taux de grève d’EDF était de 40,3 % hier à midi.
De même, les fonctionnaires français se joignaient à la grève; mais en moins grand nombre que le 19 janvier. Selon le ministère de la Fonction publique, seuls 19,4 % ont participé à la grève de mardi midi.
Le secteur de l’éducation s’est également mobilisé. Le ministère de l’Éducation constate que le taux d’enseignants en grève a atteint 25,92 %.
Tous les syndicats vent debout
« Il y a plus de monde que la dernière fois », annonce de son côté Laurent Berger, secrétaire général de l’Union française du travail démocratique.
Quant au secrétaire général de l’Union générale des syndicats, Philippe Martinez, il relève que les préparatifs sont « plus importants que ceux du 19 janvier ».
Le secrétaire général du syndicat « Manpower », Frédéric Soyo, expliquait que cette décision est un « blocage » contre le relèvement de l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans. D’ailleurs, il dit s’attendre à ce que « le rythme de la mobilisation s’accélère ».
De son côté, le secrétaire général de la « Fédération française des cadres professionnels – Syndicat général des directeurs », François Omerel, a estimé que « cette affaire est encourageante, et signifie que le mouvement s’enracine ».
Et le secrétaire général du « Syndicat français des travailleurs chrétiens », Pascal Cotton, y voit la preuve que « les explications que nous avons données pour cette réforme injuste ont été entendues ».
Elisabeth Borne garde le cap de la réforme des retraites
Par ailleurs, la Première ministre Elisabeth Borne assurait mardi entendre les « interrogations » et les « doutes » que suscite la réforme des retraites. Tout en assurant vouloir maintenir son « cap », au soir d’une nouvelle mobilisation massive contre le projet.
« La réforme des retraites suscite des interrogations et des doutes. Nous les entendons. Le débat parlementaire s’ouvre. Il permettra, dans la transparence, d’enrichir notre projet avec un cap : assurer l’avenir de notre système par répartition. C’est notre responsabilité ! ». Ainsi tweetait la Première ministre, lors de la première réaction gouvernementale à la deuxième journée de grèves et manifestations, encore plus massive que la première.
Le 10 janvier, la Première ministre française Elisabeth Born a présenté les détails d’un plan controversé de réforme des retraites qui augmenterait progressivement l’âge légal de la retraite de trois mois par an de 62 à 64 ans d’ici 2030 et établirait une pension minimale garantie.
Enfin, Mme Born soulignait, lors d’une conférence de presse, qu’à partir de 2027, les gens devront travailler pendant 43 ans pour avoir droit à une pension à taux plein.