Conformément aux attentes, la BCE Banque centrale européenne a relevé hier les taux d’intérêt directeurs de la zone euro de 50 points de base supplémentaires, soit un demi-point de pourcentage. Ce qui a fait passer le taux des opérations principales de refinancement à 3%, son plus haut niveau depuis octobre 2008 (3,25%). En outre, elle a explicitement déclaré qu’elle avait déjà décidé qu’en mars, elle « avait l’intention de relever les taux d’intérêt de 50 points de base supplémentaires, pour ensuite évaluer l’évolution ultérieure de sa politique monétaire ».
Comme prévu, la BCE a de nouveau relevé le taux directeur de la zone euro de 0,50 point de pourcentage à 3,0%. Les risques de croissance et d’inflation sont plus équilibrés que récemment, a déclaré hier la présidente de la BCE, Christine Lagarde, après la réunion sur les taux d’intérêt. Cependant, elle n’envisageait pas de mettre fin de sitôt à de nouvelles hausses des taux d’intérêt. Elle a indiqué explicitement qu’elle « avait l’intention » de les relever à la mi-mars dans une mesure similaire.
Et en conférence de presse à l’issue du conseil, la présidente Christine Lagarde a encore augmenté la dose, soulignant que même à ce niveau, c’est-à-dire avec un taux sur les principales opérations de refinancement atteignant 3,50%, le plus élevé depuis plus de 15 ans (pour trouver 3,75%, il faut remonter à octobre 2007), la BCE n’aura pas atteint le pic jugé nécessaire pour assurer le retour de l’inflation à la valeur cible de 2%.
Les hausses se poursuivraient à un rythme plus modéré
Lagarde a fait valoir que le signal de mars n’est qu' »une intention ». Certains analystes, comme ceux d’ING, une institution financière internationale de bancassurance, émettent l’hypothèse que ces formules inhabituelles pourraient signifier qu’après mars les hausses se poursuivront à un rythme plus modéré, à partir de 25 points de base.
Selon l’agence Fitch, la BCE augmentera globalement ses taux de 100 points de base supplémentaires, par rapport aux niveaux atteints hier.
Selon S&P, la hausse sera comprise entre 50 et 100 points de base, mais le niveau des taux « neutres », c’est-à-dire ceux qui n’ont ni effet expansionniste ni effet dépressif sur l’économie, augmentent en raison de facteurs structurels, tels que les politiques vertes de l’UE. Et il est peu probable que la BCE inverse déjà le cours des taux d’intérêt cette année, car certains commencent à spéculer sur la Réserve fédérale américaine.
En effet, la Banque centrale américaine a relevé mercredi ses taux de 25 points de base, après avoir toutefois accumulé globalement une hausse plus substantielle que celle effectuée, même en comptant la décision d’hier, par la BCE. Le président Jay Powell a laissé entendre que bien que davantage de hausses soient nécessaires, le pic des taux des fonds fédéraux, qui se situent déjà dans une fourchette de 4,50 à 4,75%, n’est peut-être pas loin.
Reste à savoir si, dans la phase finale des hausses, la BCE reviendra à l’élargissement de la fourchette des taux : c’est-à-dire l’écart entre le taux le plus bas, celui sur les dépôts que les banques commerciales gardent au même prix, actuellement à 2,50%, et le taux sur les transactions marginales, actuellement à 3,25%. Avec la décision de jeudi, le taux des opérations principales de refinancement est passé à 3%. Jusqu’à présent, ces trois références ont toujours été déplacées dans une mesure similaire.