L’économie bleue de la Tunisie perd plus de 20 millions de dollars par an en raison des effets de la pollution plastique due à la consommation de 4,2 milliards de sacs à bretelles annuellement, selon le rapport de la Banque mondiale (BM) intitulé «L’économie bleue en Tunisie : opportunité pour un développement intégré et durable de la mer et des zones côtières.
En effet, les sacs à bretelles représentent l’un des problèmes majeurs de la pollution par le plastique en Tunisie. Ces sacs finissent dans la nature et en majorité dans les zones côtières.
Afin de lutter contre cette source spécifique de pollution, le gouvernement tunisien a décidé d’aller vers l’interdiction des sacs en plastique à usage unique dans le cadre d’un accord volontaire avec les grandes surfaces en 2017 et avec les pharmacies en 2018, et se penche actuellement sur l’interdiction définitive en se basant sur le décret gouvernemental n° 2020-32 du 16 janvier 2020, fixant les types de sacs en plastique dont la production, l’importation, la distribution et la possession seront interdites sur le marché intérieur.
La pollution du littoral et de la mer par les déchets plastiques peut causer diverses conséquences négatives, telles que les coûts élevés de leur élimination et du nettoyage des plages et les risques sur la santé publique (contamination des produits de la mer), selon le Fonds mondial pour la nature (WWF).
Gaz à effet de serre, ce mal qui ronge la nature
D’après la Fondation Heinrich Boll Stiftung (Atlas du plastique, 2019), les plastiques rejettent des gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane et autres gaz à effet de serre) à tous les stades de leur cycle de vie.
En fait, la pollution du littoral tunisien par les déchets plastiques est visuellement remarquable. Particulièrement lorsqu’il s’agit de déchets d’emballages complexes, de produits non recyclables ou encore de produits difficiles à collecter, selon la BM.
En outre, la pandémie de la Covid-19 risque d’aggraver le problème de la pollution marine par le plastique en Tunisie, en raison d’une utilisation accrue des masques, des équipements de protection individuelle, des emballages à usage unique, et en l’absence d’une gestion adéquate de ces déchets. De même, la masse de déchets augmente, car de nombreuses activités de recyclage ont été temporairement interrompues en raison de la conjoncture pandémique.
Le développement de solutions organisationnelles, financières et techniques viables et adéquates nécessite la compréhension de la situation actuelle en vue d’identifier les aspects qui doivent être maîtrisés pour réduire, voire éliminer la pollution plastique.
Chiffres alarmants
En Tunisie, le taux des déchets plastiques mal gérés, estimé à 60%, reflète les lacunes du système actuel de gestion des déchets. Ce constat peut permettre d’identifier des problèmes potentiels qui concernent la capacité limitée de la collecte et du traitement des déchets, les lacunes organisationnelles, financières et logistiques des autorités locales, les législations qui ne sont pas toujours adaptées aux besoins de protection de l’environnement et la technologie existante peu développée et peu maîtrisée, estiment les auteurs du rapport.
Selon la WWF, la Tunisie a déversé 8500 tonnes de plastique en Méditerranée en 2016, dont 33% reviennent sur les côtes tunisiennes en une année. En effet, les déchets plastiques s’orientent à 11% dans les fonds marins, 33% en mer et se rejettent sur le littoral et 56% restent sur la surface de la mer.
La même source estime que les 8500 tonnes de plastiques déversées annuellement en mer proviennent des activités humaines le long des côtes, notamment celles de Tunis, Sousse, Sfax et Gabès (78%), de la pêche, de l’aquaculture et des navires (15%) ainsi que des dépôts des fleuves, notamment de la Medjerda (7%).
Avec TAP