Les violents séismes qui ont dévasté le sud de la Turquie et le nord de la Syrie sont dus à trois facteurs : l’heure où ils se sont déclenchés, la géographie, la Turquie étant située sur l’une des zones sismologiques les plus actives au monde. Enfin, les immeubles, mal adaptés à ces catastrophes naturelles d’une rare violence.
Lundi 6 février, à 2h 17 du matin, heure tunisienne, un violent séisme de magnitude 7,8, suivi de plusieurs répliques aussi meurtrières, a frappé le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, le bilan, très lourd, s’élève à 4365 morts et plus de 15 000 blessés. Un bilan provisoire, puisque des milliers d’immeubles se sont effondrés comme des châteaux de cartes, piégeant sous les décombres un très grand nombre d’habitants surpris dans leur sommeil.
Face à ce bilan, Ankara et Damas ont lancé un appel à l’aide internationale auquel pas moins de 45 pays ont aussitôt répondu.
Terrible combinaison
Selon les spécialistes en sismologie, le bilan en vies humaines est très lourd pour deux raisons. Primo : l’heure à laquelle le séisme s’est produit. Car, la population endormie n’a pas eu le temps de sortir des bâtiments. Elle se retrouve ainsi ensevelie sous les décombres. Secundo : la nature des bâtiments construits en béton qui fait que les victimes sont piégées sous les décombres.
Ressenti jusqu’au Groenland, à plus de 5 000 kilomètres de l’épicentre qui se situe dans le district de Pazarcik, dans la province de Kahramanmaras (Sud-Est), à 60 kilomètres environ de la frontière syrienne, il s’agit du séisme le plus important en Turquie depuis le tremblement de terre du 17 août 1999. Lequel avait causé la mort de 17 000 personnes.
La vulnérabilité de la Syrie
Mais, c’est la Syrie essorée par une longue et terrible guerre qui risque de souffrir davantage des conséquences de ce séisme. Car, si la Turquie, un pays relativement riche, devrait parvenir à organiser le flot de secours venus de l’étranger, le régime de Bachar Al Assad a peu de contrôle sur la situation, étant encore touché par la guerre et divisé entre zones gouvernementales et zones rebelles. Ainsi, des millions de personnes, notamment des déplacés syriens, vivent au sud de la Turquie dans des constructions précaires et fragiles.
À titre d’exemple, le gouverneur de la province Gaziantep, située au sud-est de l’Anatolie à proximité de la Syrie, a ainsi appelé les habitants à rester dehors malgré le froid et la neige qui continue de tomber en abondance.
D’autre part, il convient de rappeler que l’appel lancé par les autorités de Damas a été surtout entendu par son allié russe, promettant des équipes de secours « dans les prochaines heures », alors que, selon l’armée, plus de 300 militaires russes sont déjà sur les lieux pour aider les secours. Toutefois, l’ONU a aussi réagi, mais en insistant que l’aide fournie irait « à tous les Syriens sur tout le territoire », dont une partie n’est pas sous le contrôle de l’État.
Une zone sismique très active
Rappelons que la Turquie, située au centre de trois plaques tectoniques, est l’une des zones sismiques les plus actives du monde.
En effet, géologiquement, la région est à la limite de trois plaques tectoniques : la plaque arabique au sud, eurasiatique au nord et anatolienne, en plein milieu, sur laquelle se trouve la grande majorité du territoire turc. Or ces plaques bougent constamment, entraînant l’éruption des montagnes comme les monts Zagros qui traversent l’Iran, l’Irak et la Turquie ou des failles qui déclenchent des séismes.
Selon un rapport de l’Autorité turque des désastres et des urgences (AFAD), publié en novembre 2020, 70% du pays est situé sur une zone sismique active. Dix-huit séismes de magnitude supérieure à 7 sur l’échelle de Richter y ont été répertoriés depuis 120 ans et plus de 75% des pertes et dommages qu’a subis le pays d’Atatürk au 20e siècle étaient dus à des tremblements de terre.