Quelle réglementation adéquate pour le système bancaire en Afrique ? Quel est le rôle du système bancaire et des banques en Afrique dans le financement des économies africaines qui souffrent encore aujourd’hui des répercussions de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine ? Lors de son intervention, dans le cadre des Journées annuelles du Club des dirigeants de banques et établissements financiers en Afrique, le vice-président du Club des dirigeants de banques et établissements de crédits d’Afrique Habib Karaouli a voulu donner des pistes de réponses à ces questions.
Habib Karaouli affirme que le Club de banque et établissement de crédits d’Afrique a mis en exergue ce thème car « nous estimions que le système financier et bancaire jouait un rôle de levier dans le financement de l’économie et de l’investissement pour les particuliers. Malheureusement, nous avons une réglementation qui est de plus en plus étouffante, de plus en plus inhibante. Puisqu’il y a des critères de complains qui sont très sévères pour le système bancaire. Et par conséquent même quand il y a des ressources, elles ne trouvent pas des emplois et ces emplois n’offrent pas des conditionnalités qui sont exigées en matière de réglementation ».
Alors force est de se demander si cette réglementation générée dans des conditions géographiques très différentes et dans des institutions très différentes est adaptée aux textes africains ou pas. « Nous pensons qu’il faut faire des ajustements pour permettre au système bancaire de jouer pleinement son rôle dans le financement de l’économie », lance-t-il.
Répondant à une question portant sur les mesures à mettre en place pour que les banques tunisiennes puissent entrer avec plus d’efficience au marchés africains, il a souligné l’importance du concept de partenariat durable. « Il faut aller vers des partenariats sur le long terme, des partenariats organiques, des deux cotés. Nous avons beaucoup à apprendre du système financier subsaharien, notamment en matière de paiement mobile. Il faut le dire d’une manière très claire, car il nous dépasse depuis un certain nombre d’années et vice-versa sur le plan institutionnel et organisationnel, dans un certain nombre d’atouts qu’il peut faire prévaloir », poursuit-il. D’ailleurs, il estime que le partenariat avec les pays subsahariens peut être efficace, vu les points de ressemblance.
A une question qui porte sur les contraintes supportées par les banques pour qu’elles puissent assurer leur rôle économique, l’intervenant affirme : « Je pense que nous sommes dans un contexte particulier en Tunisie où il existe une crise grave des finances publiques. Et par conséquent l’Etat a usé de son droit régalien pour canaliser les ressources dont dispose le système financier pour financer son budget au détriment de l’investissement. C’est une réalité qu’on peut trouver dans d’autres pays, à des niveaux plus au moins différents. Chez nous, ce phénomène a atteint des proportions qui attirent une attention particulière. Le maitre-mot serait dans une combinaison entre le capital, le travail et la confiance », ajoute M. Karaouli.
« Si on arrive à dégager les ressources juste pour maintenir les fonctions essentielles de l’Etat, à savoir l’éducation, la santé, le transport et la justice, le reste il n’y que le secteur privé qui peut le faire. Il faut redonner confiance et toiletter les textes que nous avons, des textes d’un autre âge qui inhibe l’initiative », conclut-il.