Lors de son entretien hier jeudi 16 février 2023 au palais de Carthage avec la cheffe du gouvernement Najla Bouden, le président de la République, Kaïs Saïed, a réagi, à sa façon, aux critiques de la scène nationale et internationale suite aux dernières arrestations. Tout le monde en a pris pour son grade.
Vent debout, le président de la République Kaïs Saïed affiche une insolente cote de popularité. Selon le dernier sondage d’Emrhod Consulting, publié dans la soirée du jeudi 16 février 2023 sur Attassia, 52% des Tunisiens sont satisfaits de son rendement et 65 % voteraient pour lui si les élections présidentielles avaient lieu demain.
Ligne rouge
D’autre part, Kaïs Saïed réagissait aux critiques de la scène nationale et internationale- notamment de la part des Américains, de l’Union européenne et du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme -à la dernière vague d’arrestations de personnalités politiques, médiatiques et judiciaires. Ainsi, le maître de Carthage n’a pas mâché ses mots : « La Tunisie n’est pas sous la colonisation, ni sous le protectorat ou sous mandat. Nous sommes un pays indépendant et souverain. La souveraineté de la Tunisie est au dessus de toutes les considérations », martelait-il dans une vidéo diffusée hier soir sur la page Facebook de la présidence. Et ce, en recevant à Carthage la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, venue lui rendre part de sa participation au Sommet mondial des gouvernements à Dubaï. Somment où elle eut notamment des entretiens « positifs » avec Kristalina Georgieva, la directrice générale du FMI.
Du tac au tac
Partant du postulat que l’attaque est la meilleure défense, Kaïs Saïed ne résista pas au plaisir de lancer une pique aux chancelleries occidentales. En rappelant, pince-sans-rire, « n’avoir jamais envoyé de messages aux autres pays pour exprimer sa préoccupation et son inquiétude quant à la situation des droits de l’Homme chez eux ». Allusion à peine voilée au pays de l’Oncle Sam? Ajoutant qu’en sa qualité de chef de l’Etat, Il est le « garant des droits fondamentaux des Tunisiens et de la souveraineté nationale ».
Vous voulez nous aider? « Alors que l’Occident nous aide à restituer nos avoirs spoliés ». Mieux, « à annuler la dette de la Tunisie cumulée ces dernières années ».
« Des vérités explosives »
Revenant sur les dernières arrestations opérées par les forces de l’ordre depuis l’aube de samedi dernier, le Président assure que ces interpellations se sont déroulées dans le « strict respect de la loi ». Révélant à l’occasion que l’enquête en cours lèvera le voile sur des « vérités explosives ». Et ce, afin que le peuple prenne enfin connaissance « de ce qui se tramait derrière son dos durant la dernière décennie ; de ceux qui sont responsables de la pénurie et de la flambée de prix des matières de base. Dans le vil dessein de porter atteinte à la paix civile ».
Tiers-mondisme primaire
Au sujet de la situation socio-économique, le chef de l’Etat affirme qu’ayant « toutes les ressources humaines, économiques et sociales, nous sommes capables de surmonter toutes les crises ». Et d’insister : « La Tunisie, qui recèle des potentialités humaines, économiques et sociales, doit bâtir une économie résiliente, autre que l’économie de rente ».
En dépit du contexte mondial et de ce que la Tunisie a connu pendant les dernières années, « nous sommes capables de diagnostiquer la situation actuelle et de prescrire les ordonnances économiques, sociales et financières répondant aux revendications de notre peuple ».
Alors, puisque notre pays est doté d’autant de « ressources humaines, économiques et sociales », pourquoi sommes-nous économiquement et financièrement au creux de la vague? Et pourquoi attendons-nous fébrilement l’aide de l’instance de Bretton Woods pour sortir la tête de l’eau? Mystère.
C’est que, pour le chef de l’Etat, la mondialisation aura atteint ses limites. « La solution n’est pas d’appauvrir davantage les peuples qui étaient colonisés. Ni de se soumette aux injonctions qui sont, en apparence, une solution ; mais dans le fond, une consécration de la paupérisation et une nouvelle forme de colonisation ».
Défi
Sur un autre plan, le président d la République a fait le procès de l’opposition qu’il accuse de propager « des campagnes calomnieuses » contre la Tunisie. « Ceux qui pleurnichent sur la liberté d’expression sont dépourvus en réalité de la liberté de pensée », assène-t-il.
Et de conclure triomphal : « Y a-t-il un seul journal interdit, une seule émission censurée, un seul journaliste poursuivi pour un travail journalistique ? »
« Ce ne sont que des affabulations et des mensonges connus par le peuple ». Le peuple jugera en son âme et conscience.