Annoncée par le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), la visite dans son siège effectuée le 17 février 2023 par des ambassadeurs des pays membres de l’Union européenne accrédités en Tunisie a suscité de nombreuses réactions des professionnels. Ces réactions étaient immédiates sur les réseaux sociaux. Plusieurs professionnels se sont exprimés sur cette visite. Certains ont même exprimé leur mécontentement et leurs inquiétudes.
Selon le SNJT, la visite a porté sur la situation de la liberté de la presse en Tunisie et les défis des médias. C’était aussi l’occasion, pour le président du syndicat, d’exposer un aperçu sur la situation de la profession et de souligner l’importance du soutien des partenaires européens à la liberté de la presse et au respect de l’indépendance des organisations de la société civile.
Le même jour, d’autres représentants de la société civile, organisations nationales et partis politiques (LTDH, FTDES, Ordre des avocats, ATFD…) ont visité le SNJT et ont exprimé leur solidarité avec les journalistes et la liberté de la presse et d’expression.
Pour rappel, les journalistes ont protesté jeudi à La Kasbah pour dénoncer notamment l’arrestation du directeur de Radio Mosaïque FM et la non-régularisation de la situation des médias confisqués.
Souveraineté médiatique
Slaheddine Dridi, spécialiste de la communication, a souligné que la « souveraineté médiatique » a été « bafouée » après la visite des ambassadeurs au SNJT. « Cette visite n’a pas respecté le protocole diplomatique », a-t-il dit.
Commentant cette visite, le journaliste Hechmi Nouira a souligné que la défense des valeurs et des droits est un élément fondamental de la mission des journalistes. « Le militantisme et l’action associative professionnelle diffèrent de ce qui est pratiqué par les partis politiques. Ce genre de visite pourrait porter confusion et avoir des conséquences catastrophiques. Les syndicats professionnels et les organisations de défense des droits de l’Homme doivent chercher une solidarité avec leurs homologues », a-t-il posté sur son compte Facebook.
Visite de courtoisie
Pour sa part, Raouf Bali, membre du SNJT, a précisé, sur les ondes de Radio Diwan FM, que cette visite de courtoisie est signe de solidarité avec les journalistes. « Le nouveau bureau du SNJT n’a jamais effectué de visites dans les locaux des ambassades ».
Lors d’une réunion jeudi avec le ministre de l’Intérieur, le président de la République Kaïs Saïed a nié tout lien entre la vague d’arrestations et la liberté d’expression.
Appui aux médias
Pour rappel, le SNJT a été parmi les bénéficiaires du programme MEDIA UP/PAMT1 lancé et financé par l’Union européenne, dans le cadre de son partenariat avec la Tunisie, en juin 2015, à hauteur de 10 millions d’euros, pour la modernisation des médias nationaux et locaux ainsi que la professionnalisation des divers acteurs de l’information, de la régulation et de l’éducation aux médias.
Une deuxième phase de ce programme, pour une durée de cinq ans, a démarré au mois de mars 2021. Elle vise à renforcer le secteur des médias professionnels afin de garantir la diffusion d’une information indépendante et plurielle, garante de la liberté d’expression à travers des objectifs spécifiques.