Le changement climatique et la nette baisse des apports pluviométriques qui en résulte, la croissance démographique, l’adoption d’une agriculture fort consommatrice d’eau, l’archaïsme des systèmes de traitement des eaux usées… mettent de plus en plus de pression sur l’approvisionnement en eau potable. Plus de 40% de la population mondiale vivent dans une situation de pénurie d’eau et plus de 700 millions souffrent du manque de propreté pour l’eau potable.
La Tunisie encaisse une situation de stress hydrique sans précédent. Le débat est ouvert sur les stratégies de sortie de crise.
Des stations de dessalement poussent comme des champignons dans les pays de la région MENA.
Echapper aux situations de stress hydrique?
Est-ce la solution pour échapper aux situations de stress hydrique ? La réponse est loin d’être évidente. Premièrement, le dessalement est une technique énergivore. Il est certain que le recours à la technologie basée sur la filtration (reverso osmosis) est peu énergivore ; toute- fois, l’électricité utilisée pour créer les pressions requises demeure dévoreuse de combustibles fossiles. Deuxième- ment, le dessalement a un impact environnemental non négligeable. Il est menaçant pour la biodiversité marine. Plusieurs espèces de poissons sont menacées de disparition à cause du déversement de sel et de minéraux indésirables dans la mer.
l’énergie solaire gagne du terrain dans ce type de projets
Existe-il une voie durable pour l’approvisionnement en eau potable ? L’innovation dans le dessalement via l’utilisation des énergies propres semble être une piste sérieuse. Aujourd’hui, l’énergie solaire gagne du terrain dans ce type de projets. ACWA Power et Water Global Access, ont annoncé récemment la mise en place d’une nouvelle technologie qui garantit la propreté des sous-produits déversés après le dessalement. Cependant, plusieurs risques continuent de peser, surtout sur les pays subissant des contraintes de financement, notamment celui de sombrer dans des solutions de facilité en se contentant de la technologie conventionnelle de dessalement, à la fois énergivore et menaçante pour la biodiversité marine.
résoudre le problème du stress hydrique
La technique de dessalement peut-elle résoudre le problème du stress hydrique ? Toute seule non. Et ceci, quel que soit l’effort de propreté déployé par les techniques mises en place.
Sans une réforme des politiques agricoles favorables aux cultures économes en eau, sans une modernisation des techniques utilisées dans les projets de traitement des eaux usées et sans une refonte de la politique de tarification, il serait difficile d’imaginer une porte de sortie sérieuse du stress hydrique.
Cet article est disponible dans le Mag de l’Economiste Maghrébin n 863 du 15 février au 1 er mars 2023