Alors que l’Algérie a annoncé l’allocation d’un milliard de dollars pour financer des projets de développement dans les pays africains à travers l’Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement, l’Algérie s’est placée ainsi parmi les « pays donateurs ». Une lutte régionale pour le positionnement et l’influence en Afrique.
La décision d’Abdelmadjid Tebboune d’allouer un milliard de dollars américains à des projets de développement en Afrique tombe. Alors que le Premier ministre Ayman Ben Abdelrahman a annoncé, dimanche, lors du sommet de l’Union africaine, que l’Algérie a décidé de pomper un montant d’un milliard dollars américains au profit de l’Agence algérienne pour la coopération internationale dans un souci de solidarité, pour financer des projets de développement dans les pays africains, notamment ceux à caractère intégré, ou ceux qui contribueraient à faire avancer le développement sur le continent. En soulignant que l’agence engagera les procédures de mise en œuvre de cette initiative stratégique, en coordination avec les pays africains désireux de s’en prévaloir.
Depuis 2018, l’Algérie a commencé à élaborer un plan politique et économique pour renouer avec la profondeur africaine, rouvrir et développer les routes commerciales et les lignes de transport entre l’Algérie et la côte et la profondeur du continent, comme le projet de route du désert Algérie – Lagos (Nigeria). Des débouchés terrestres et commerciaux sont établis avec la Mauritanie et l’Algérie prend le relais dans l’achèvement de la route reliant Tindouf au sud du pays à la ville de Zouerate au fond de la Mauritanie. Puis le lancement de lignes de transport maritime vers les ports de Mauritanie et du Sénégal. Le président Abdelmadjid Tebboune a annoncé également, il y a un an, un projet d’extension des lignes ferroviaires jusqu’à l’extrême sud de l’Algérie, et de là vers le Niger et le Mali.
L’Algérie tient à lier davantage ses relations aux pays africains et à leurs centres de décision
Dans un second temps, les autorités algériennes ont encouragé les sociétés caritatives et de secours à œuvrer et à s’étendre dans les régions de la profondeur africaine au Burkina Faso, au Tchad, au Bénin et au Nigeria, pour activer sa présence.
Du côté officiel, l’Algérie est en train de se transformer en une étape d’emploi de ses capacités pour concourir à une position d’influence régionale sur le continent, conforme à son ambition politique et économique qu’elle a exprimée au cours des trois dernières années. Et ce, depuis que le président Tebboune est arrivé au pouvoir fin 2019.
De ce fait, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, l’ambassadeur Abdel Hamid Abdawi, a déclaré, lors de la commémoration de la fête des martyrs, dimanche, que « les capacités de l’Algérie lui permettent de jouer le rôle qui lui revient et lui permettent de surmonter les intrigues et les obstacles ».
Un analyste politique intéressé par les affaires africaines, Ammar Seiga, qui a préparé une étude récente sur les défis sécuritaires dans la région entourant l’Algérie, a déclaré dans une interview que l’Algérie s’oriente vers l’accompagnement et le financement de programmes dans les pays africains, dans lesquels les pays du voisinage et de la côte auront la priorité; et ce, selon trois axes fondamentaux. Le premier est les infrastructures, l’eau, la santé et l’éducation pour concentrer la population dans leurs zones et assurer l’intensification démographique qui empêche la concentration des groupes terroristes. Le deuxième a une visée économique, parce que le financement des programmes de développement assure un plus grand renforcement des relations commerciales et ouvre des portes d’entrée aux biens et matières premières algériens. Et en troisième lieu, il fait référence à la dimension politique associée. Car l’Algérie tient à lier davantage ses relations avec les pays africains et leurs centres de décision. De même qu’à assurer une influence qui lui permette de jouer un rôle central et influent dans les problèmes et les crises de la région et de trouver des solutions.